C'est ce que se demandait, il y a 25 ans, une fameuse campagne pour Renault. Mais on n’en est plus là. Et si le vrai luxe, c’était de pouvoir se loger dignement, se chauffer décemment, en ce froid de gueux de décembre ?
C’est une litanie de Noël qui rappelle les contes de Dickens, ses héros pris à la gorge, harcelés par des puissants à la Ebenezer Scrooge, symbole du nanti âpre au gain. C’est une trêve des confiseurs bien amère qui s’annonce au fil des études d’opinion. La ceinture sera serrée jusqu’à l’asphyxie : 60 % des Français pensent limiter leurs dépenses pour les fêtes compte tenu de l’inflation (Havas Market X Yougov). Selon l’IFOP, 57 % sont stressés par le coût des cadeaux de Noël, 49 % indiquent qu’ils vont réduire leurs visites à la famille ou à des proches. Pire, 87 % des répondants disent avoir connu un ou plusieurs troubles psychologiques (anxiété, sommeil perturbé, pleurs…) en pensant à leur situation financière…
« Et si le vrai luxe, c’était l’espace ? », s’interrogeait, il y a 25 ans, une fameuse campagne pour Renault. On n’en est déjà plus là. Et si le vrai luxe, c’était de ne pas avoir le ventre qui se tord dès le milieu du mois, alors que les découverts se creusent ? Et si le vrai luxe, c’était de pouvoir se loger dignement, se chauffer décemment, en ce froid de gueux de décembre ? Et si le vrai luxe, c’était de ne pas développer des ulcères en pensant à son avenir, alors que la réforme des retraites demande à tous de travailler plus longtemps, alors que dans le même temps, le ministère de l’Économie souhaite réduire la durée d’indemnisation chômage des plus de 55 ans ? Et si le vrai luxe, c’était un peu de sérénité, un brin de tranquillité ? Est-ce trop demander, en guise de cadeau de Noël, à tous les Scrooges du monde ?