Est-ce normal en 2023 que des jeunes soient invités à une séance de «live-murdering» ? Comment un réseau social peut-il servir de caisse de résonance à des actes terroristes sans devoir rendre des comptes ?
Vendredi 14 octobre 2023 à 12 heures, partout en France, dans les cours de collèges et lycées, la même scène se répète : les téléphones portables se mettent à crépiter au rythme du chat Snap et d’autres réseaux. Et les visages des jeunes se décomposent. Sans filtre sur Snap, ces enfants de 13, 14 ou 15 ans, reçoivent des images insoutenables. Un terroriste islamiste est en train d’assassiner des enseignants à Arras. On distingue sur ces vidéos le terroriste en train de poignarder les enseignants, et l’un d’entre eux, probablement Dominique Bernard, allongé sur le béton, entouré d’une mare de sang. Les images sont sordides. Est-ce normal en 2023 que ces jeunes mineurs soient invités à une séance de «live-murdering» ? Est-ce acceptable de donner cet écho rêvé à tout terroriste en retransmettant quasiment en temps réel ses actions meurtrières ? Comment un réseau peut-il servir de caisse de résonance à des actes terroristes sans devoir rendre des comptes ? L’adoption mardi 17 octobre par l’Assemblée nationale du projet de loi de régulation de l’espace numérique va-t-elle changer la donne ? En parallèle, le Digital Services Act (DSA), qui réglemente les services numériques en Europe, est entré en vigueur le 25 août 2023 dernier dans l’Hexagone. Le DSA prévoit que les plateformes doivent « mettre en place un système de signalement des contenus illicites », « coopérer avec les autorités judiciaires », « suspendre les comptes publiant des contenus illicites »… Maintenant que les autorités ont une base juridique pour agir, elles doivent le faire. Il y a urgence.