N’en déplaise à Thierry Breton, mais en quittant le code des bonnes pratiques de l’UE contre la désinformation en ligne, Elon Musk vient de montrer que sa conception de la liberté d’expression est supérieure à ses yeux à un marché de 450 millions d’habitants.
C’est un pied de nez que vient de faire Elon Musk à la Commission européenne. En quittant le code des bonnes pratiques de l’UE contre la désinformation en ligne, il vient de montrer que sa conception de la liberté d’expression – qui inclut des vérités alternatives, des fausses informations et l’envoi d’une crotte à tout journaliste demandant des éclaircissements – est supérieure à ses yeux à un marché de 450 millions d’habitants. N’en déplaise à Thierry Breton, le commissaire au marché intérieur qu’il a pu bercer d’illusions l’an dernier, le patron-propriétaire de Twitter n’a aucune intention de se soumettre à un code européen. Tant pis pour lui, dira-t-on, le Digital Services Act impose aux grandes plateformes de modérer la désinformation et les messages haineux avant le 25 août. Seulement, encore faut-il qu’on ne lâche rien là-dessus. S’il faut bannir Twitter de l’espace européen, combien diront que l’UE va trop loin ? Notre ministre du Numérique, Jean-Noël Barrot, a raison de rester ferme sur les principes – la liberté, en responsabilité, du débat public – tout en étant pragmatique sur l’AI Act. Mais il ne faudrait pas que ce qui fait la valeur de nos contenus en ligne - leur caractère digne de foi, leur véracité – soit dans un cas, inaliénable, et dans l’autre, une variante sur laquelle peuvent s’entraîner à leur guise des modèles d’IA sans se soucier de rémunérer leurs sources.