À l’approche des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, les principales figures des réseaux sociaux prennent enfin la parole face à leur communauté qui les attendait de pied ferme. Reste à savoir l’impact que ces influenceurs peuvent avoir sur la campagne.

Coup de tonnerre sur le monde d’internet. Le 14 juin, « l’homme le plus regardé de France », Squeezie, a réalisé une rare sortie sur Instagram où il appelait les jeunes à voter contre le RN. Si les célébrités se sont toujours mobilisées pour faire barrage à l’extrême droite, la vague de prises de parole de personnalités du web répond à une longue attente des internautes.

- Le boycott des personnalités silencieuses

Pour plus de contexte, il faut remonter au début de la guerre Israël-Hamas, après le 7 octobre 2023, où les militants des deux bords font pression pour que les célébrités prennent position, à commencer par les influenceurs. Aux États-Unis, le mouvement « blockout 2024 » a pris une plus grande ampleur pour bloquer sur les réseaux sociaux les célébrités silencieuses sur le sujet. Et les appels des communautés françaises à une prise de parole ont également fait rage, contribuant à un repartage massif des faits par les créateurs. « Aujourd’hui, il y a une grande attente autour des créateurs. Ils ne peuvent plus se permettre d’être neutres, entame Thierry Heems, ancien head of influence d’Auditoire. Désormais, qu’ils fassent la promotion de certains produits ou génèrent beaucoup d’argent est accepté, mais derrière, les communautés attendent aussi des engagements. »

- Prise de position (ou pas)

C’est ainsi que Squeezie, Léna Situations ou encore Mister V se sont prononcés pour un vote contre l’extrême droite en vue des élections législatives, là où Tibo InShape, souvent accusé de promouvoir des positions conservatrices, conseille de voter « en accord avec ses convictions ». En face, dans une tribune signée par 200 créateurs, Antoine Daniel, Mistermv ou encore Manon Bril appellent à voter pour le Nouveau Front Populaire.

Malgré ces engagements, le post de Squeezie ou les stories de Léna Situations pour expliquer comment faire une procuration peuvent-ils avoir un impact sur ces élections ? « Les nouvelles générations sont de moins en moins politisées, donc si ce rapport à la politique revient grâce à quelqu’un qui incarne un levier de confiance, il y aura forcément un impact, analyse Thierry Heems. Squeezie ne changera pas l’avis de ceux qui votent extrême droite. En revanche, il a sûrement poussé des gens qui n’en avaient pas l’intention à aller voter. »

- Les dérives des partis

Cet impact, les partis l’ont également compris. Le 19 juin 2024, Maeva Ghennam s’affichait avec le candidat NFP, Sébastien Delogu, encourageant à voter aux législatives. Dans le même temps, Jeremstar révélait avoir reçu une offre de « 15 000 euros pour trois stories et un post », d’un parti dont il préfère taire le nom. Une promotion qui semble à première vue illégale. « À l’heure de la législation de l’influence, c’est impossible ! Les influenceurs devant notifier les collaborations commerciales, ce genre de promotion rentre dans le cadre publicitaire », insiste le spécialiste de l’influence. Le code électoral détaillant ainsi dans son article L52-1 que « pendant les six mois précédant le premier jour du mois d’une élection […] l’utilisation à des fins de propagande électorale de tout procédé de publicité commerciale par la voie de la presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle est interdite. » Si l’encadrement de ce type de communication mérite d’être plus détaillé, le contexte a enfin poussé les influenceurs à sortir de leur cachette et il sera difficile d’y retourner.

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