Débat entre Kamala Harris et Donald Trump aux Etats-Unis, procès de Google sur la publicité en ligne... Le président d’AustralieGAD et coprésident de l’AACC revient sur les grandes actualités de la semaine.

Les 40 ans de l’agence Australie.

Idéalement, il faudrait qu’une agence ait toujours 25 ans ! On a toujours fait en sorte d’avoir cet âge. Quand on regarde les personnes qui sont passées chez nous, les sujets traités, les campagnes… Le travail de l’agence est un reflet de la société. La suite ? Avec ce côté familial [Australie a été fondée par les frères Vincent et Jérôme Leclabart, aujourd’hui David a pris la suite de son père Jérôme et sa sœur Prudence est l’actuelle CFO du groupe], il y a une continuité assez forte. Mais aussi de nouveaux associés. L’époque a bougé, on essaie des choses qu’on ne sait pas faire. On souhaite étendre le champ de la création.

La communication de Kamala Harris face à Donald Trump, lors du débat du 10 septembre.

Elle a fait un vrai travail de candidate, argumenté, pro, là où Donald Trump était sur la défensive, ne travaillait pas sur la capacité à convaincre sur des faits. Il y a 40 ans, c’était inimaginable que le mensonge soit aussi présent. Cela m’a fait penser à la campagne « Truth » du New York Times, déployée ces dernières années. On a besoin de la presse et des journalistes, ils vont chercher la vérité pour qu’ensuite chacun ait son libre arbitre. Un chamboulement énorme s’est produit. Pendant des décennies les marques ont financé (involontairement) l’investigation, jusqu’à ce qu’elles se mettent à investir sur de grandes plateformes qui n’ont pas de journalistes. Cela pose des questions de démocratie.

Le procès de Google sur la publicité en ligne.

Les Gafam prennent 120 % de la croissance des médias. Certains groupes sont devenus tellement puissants que cela pose question. Par ailleurs, les Américains ont toujours eu des lois anti-trust. Il y a 40 ans, c’est AT & T qui était démantelé, comme avant lui, les acteurs pétroliers.

L’arrivée, auprès de Michel Barnier, de Nicolas Vanbremeersch (Spintank) comme chef de la communication.

La porosité entre le monde des agences et la politique n’est pas nouveau. Il y a 40 ans, c’étaient Colé et Pilhan - passé par RSCG - qui avaient fait la campagne de Mitterrand. En 1984, le second créait sa société de communication, Temps Public. Nicolas vient du digital, s’est rendu compte très tôt qu’il changeait la façon de communiquer. Il faut un Premier ministre qui maîtrise ce sujet. Pilhan, c’était un situationniste, influencé par Guy Debord, entre autres. Le sujet est désormais la communication au temps des influenceurs et des réseaux sociaux.

Le retrait d’un film de la marque Bien’Ici (« La Maison du lac »), jugé choquant par le public.

Comme dit Orelsan, aujourd’hui « tout est sensible ». La sensibilité est forte partout, tout le temps. Il faut être vigilant avec l’humour car il peut être mal interprété, si on n’a pas les références. Là, c’est visiblement ce qui s’est passé. La référence aux anciens films d’horreur, à la parodie, n’a pas été comprise, a été prise au premier degré. La réponse de l’annonceur m’a semblé bonne. Il s’agit de considérer le public comme une priorité. La place de la femme dans la société et dans la pub a tellement changé par rapport à ce qu’elle était il y a 40 ans. Il y a des choses qu’on ne montrerait jamais plus…

Amazon qui confie son budget média global à OMG et WPP.

Amazon est devenu le plus gros annonceur mondial. En 1984, c’était Procter & Gamble, avec 1,8 milliard de dollars investis, contre 23 milliards pour Amazon aujourd’hui. Il s’est produit un double shift, sur le montant, et sur l’industrie. Le premier annonceur était auparavant une entreprise de biens de consommation courante, c’est désormais une société de services, à la fois distributeur, plateforme de vidéo, etc. Ce qui ne change pas, c’est qu’il s’agit de groupes américains, accompagnés par des agences anglo-saxonnes.

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