[Chronique] Chaque mois, Philippe Pioli-Lesesvre, directeur de création chez The Good Company, livre son point de vue dans la chronique Good news - Un monde en transition, c’est toujours une bonne nouvelle. Aujourd'hui, il s'intéresse à la perte d'intérêt des jeunes pour les métiers de la com et de la pub.
D’habitude, je rends ce papier au dernier moment (un manque de discipline que je traîne depuis mes années scolaires…) mais là, il faut avouer que je suis carrément en retard. Oui, la publicité ne fait plus rêver. Les premiers de la classe ne se ruent pas dans nos bras et pas mal d’études tout à fait sérieuses l’ont déjà montré depuis longtemps. Mais à la froideur des résultats d’enquêtes qui pourraient nous déprimer, permettez que j’oppose mon optimisme candide. La différence entre une bonne et une mauvaise nouvelle, c’est parfois ça, l’optimisme.
Tout d’abord, d’un point de vue sémantique, ce n’est peut-être pas si mal que l’on quitte le champ du rêve. Trop longtemps, nous avons souffert d’une représentation mi-glamour mi-diabolique. Que nous soyons vus comme des originaux irresponsables qui s’amusent toute la journée ou des cyniques, alcooliques, beaucoup trop payés, nous avons servi d’inspiration à l’imaginaire qui fait les bonnes fictions mais ne sert pas la réalité. Alors ne rêvez plus de la com, rencontrez-la dans la vraie vie, rencontrez ses femmes et ses hommes ; ça vous donnera une bien meilleure idée de ce qu’il s’y passe.
Et puis c’est aussi une bonne nouvelle car on adore un bon brief, non ? Déconstruire des années d’idées reçues, c’est quand même un beau challenge pour des communicants. Je pense que ce travail a déjà été amorcé par beaucoup d’entre nous, mais puisque les préjugés ont la vie dure, continuons ! Et d’ailleurs, j’ai une idée pour nous aider : faisons exactement l’inverse de Don Draper. Autrement dit, soyons humains, compréhensifs, empathiques… Exigeants, oui, mais patients aussi. L’avantage avec ce genre d’archétype, c’est qu’on peut s’en servir comme contre-modèle.
Profils moins classiques
Et puis finalement, en attendant que nos nouvelles méthodes de management et nos nouvelles cultures d’agence opèrent doucement mais certainement leur travail de séduction, peut-être y a-t-il une opportunité à ne pas attirer les premiers de la classe. Attention, loin de moi l’idée de faire l’éloge de la médiocrité. Nous aimons les bêtes de concours, ce sont des gens méritants, performants, intelligents. Et nul doute que nous avons intérêt à les avoir avec nous. Mais c’est qu’il y a aussi du talent parmi les 10 sur 20, vous savez, chez ceux qui passent le cours à dessiner dans la marge, à dormir agglutinés au radiateur, à rendre leurs devoirs (et leurs chroniques) au dernier moment… À suivre des parcours pas toujours très cohérents.
Il existe des profils moins classiques, avec d’autres diplômes (ou pas de diplôme), que les entreprises ne s’arrachent pas mais qui ne nous feraient pas de mal, j’en suis sûr, qui nous rendraient plus variés et, qui sait, plus séduisants. Ces profils n’ont parfois besoin que de trouver le bon métier pour se lancer, et quelque chose me dit que la communication ne leur irait pas trop mal. Et puis, l’avantage avec ceux-là, c’est qu’on n’a pas besoin de les faire rêver, ils savent le faire tout seuls.
PS : Que je n’oublie pas de glisser cette idée, toute bête mais qui fonctionne aussi : payons nos jeunes correctement.