Agences
De son enfance modeste à sa carrière en agences en passant par la récente acquisition du théâtre des Mathurins, Pierre Callegari, le cofondateur d'Herezie, a su conserver un caractère direct et entier.

La ressemblance est troublante. Chevelure argentée soigneusement rejetée en arrière, boots en cuir, lunettes fumées et élégance détachée, il y a indéniablement du Jep Gambardella en Pierre Callegari. Mais si le cofondateur du groupe Herezie semble aussi peu politiquement correct que le héros de La grande belleza -inoubliable film signé Sorrentino -, son quotidien est loin d’être placé sous le signe de l’oisiveté. «Quand Andrea Stillacci m’a demandé en 2010 de me joindre à lui pour lancer l’agence, je lui ai répondu que je comptais déjà plusieurs tours d’horloge. Puis j’ai accepté en pensant être un simple soutien. Au final, je suis là tous les matins à 8 heures», constate ce fils d’un père maçon, pour qui l’engagement constitue une promesse sacrée. «Ma parole a plus de valeur que ma signature», assure-t-il.

Mais se limiter à une carrière de «pubard» lorsqu’on parle de Pierre Callegari serait rédhibitoire. Passionné de théâtre depuis toujours -«j’ai créé une troupe au sortir du bac avec qui j’ai plus appris du management et de la gestion des hommes qu’à l’université», l’homme vient de racheter avec Dominique Bergin le théâtre des Mathurins, situé dans le 8e arrondissement.

Époque bénie

Né en 1951, Pierre Callegari passe les six premières années de sa vie entre la France et l’Italie -«la Toscane, et pas celle des Médicis», avant de s’installer en région parisienne. «J’ai bénéficié de l’ascenseur social français. Sans une ou deux personnes rencontrées dans l’enseignement public, je serais probablement devenu plombier ou chaudronnier», retrace celui dont «la plus grande fierté aura été d’être boursier d’État». En lieu et place de ce destin tout tracé, Pierre Callegari, diplômé de Sciences Po et de Dauphine, plonge dans le grand bain de la publicité.«J’ai commencé ma carrière chez Philips International mais j’ai vite réalisé que le travail que faisait par exemple Intermarco, avec qui nous collaborions, était plus intéressant», rappelle-t-il. Dès lors, les choses s’enchaînent. Après des débuts chez Ted Bates puis DDB, Pierre Callegari cofonde l’agence BCRC. «C’est là que j’engage Pierre Berville, avec qui nous lançons notre propre agence en 1987. Ce n’était plus tout à fait l’âge d’or de la pub mais on s’amusait encore», poursuit celui qui reconnaît avoir «le cuir et la tête durs». Un caractère direct et entier qui, forcément, divise. «Des détracteurs ? Vous n’aurez aucun mal à en trouver», s’amuse-t-il. «C’est aussi ce caractère qui explique qu’il avait des difficultés à travailler avec les Anglais», sourit a posteriori Andrea Stillacci, en référence à leur rencontre professionnelle et aux responsabilités occupées par cette figure tutélaire après la vente de Callegari Berville en 2000 à Grey, lui-même racheté par WPP en 2004. Chassez le naturel, il revient immuablement au galop.



 

Parcours :

1951 Naissance à Versailles

1981 Création de l’agence BCRC avec Jean-Charles Benchetrit et Philippe Rebois

1987 Création avec Pierre Berville de l’agence Callegari Berville

2010 Création avec Andrea Stillacci de l’agence Herezie

2019 Rachète avec Dominique Bergin le théâtre des Mathurins

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