L'actu vue par
Angelo Gopee est directeur général de l'entreprise d'organisation et de promotion de spectacles Live Nation. Il revient sur les dernières grandes actualités de la semaine.

La timide reprise des festivals et concerts…

Effectivement, elle est timide, parce que c’est une reprise qui se déroule dans un contexte sanitaire, et face à des restrictions assez compliquées à mettre en place. Il y a un risque, on ne le maîtrise pas, on ne le connaît pas. Être responsable aujourd’hui pour un organisateur, c’est primordial. Il faut quand même rappeler que nous avons des obligations vis-à-vis des artistes, du public, des salariés et des entreprises qui travaillent sur un événement. Certaines opérations ont du mal à se mettre en place car la peur est là et l'on se voit refuser les autorisations par des préfets ou par des maires qui ne veulent pas prendre de risques. Des entreprises veulent aller plus vite. Les événements qui ont déjà pu reprendre, ce sont notamment ceux des régions, des départements et des mairies qui ont subventionné des associations et des structures pour faire de la programmation cet été. Les structures privées qui ne sont pas aidées n’ont pas repris, car elles n’ont pas de recettes. Chez Live Nation comme la plupart des producteurs, pour l’instant, nous sommes dans une phase de sauvegarde des entreprises du spectacle, pas de reprise. Nous rongeons notre frein tous les jours. C’est quand même notre métier, notre bien, notre vie, notre passion. Gad Elmaleh est en train de roder son show. Mise à part ça, il n’y a pas d'activité du tout. Nous espérons vraiment reprendre à la rentrée, mais aujourd’hui c’est encore trop frais pour pouvoir se précipiter.

Roselyne Bachelot, nommée à la Culture, qui veut être la ministre « des artistes et des territoires ».

C’est une bonne chose de parler des territoires, parce qu’il est important de décentraliser pour ne pas donner l’impression que tout se déroule à Paris. Il faut aller vers les régions et les talents locaux. Mais les premiers signes sont donnés aux structures et filières subventionnées. J’espère qu’elle n’a pas oublié qu’il y a aussi des opérateurs de festivals et de concerts et des producteurs de spectacles. Aujourd’hui, les festivals et les salles, ce sont des diffuseurs, ce ne sont pas forcément des producteurs. Elle vient d’arriver, je pense que cela risque de prendre du temps et c’est malheureux car nous sommes à deux ans de l'élection présidentielle. J’ajoute que la première volonté de Roselyne Bachelot à son arrivée est d’organiser les « états-généraux des festivals ». Je trouve que c’est une maladresse, car parler des « états-généraux des festivals », c’est diviser. Ce sont les « états-généraux de la culture » qu’il faut organiser. Aujourd’hui, on a besoin d’une filière de la culture française qui soit forte en France, à l’étranger et qui soit représentée par une multitudes d’artistes, de créateurs, de peintres, mais aussi d’orchestres. De plus, la diversité dans la culture n’existe pas du tout. C’est un problème de société qui nous concerne, surtout dans un pays comme la France avec sa richesse de population. On ne doit pas s'en détourner. Est-ce que c’est un sujet sur lequel elle va se pencher ? Je l’espère.

 

Le décret prolongeant les droits des intermittents du spectacle jusqu’à fin août 2021.

C’est une bonne nouvelle, mais pour qui ? Il est important d’accompagner les intermittents jusqu’au mois d'août de l'année prochaine, mais si l'on n’accompagne pas également ceux qui emploient les intermittents, que deviendront ces derniers le 1er septembre 2021 ? Un intermittent est la plupart du temps un employé. La moitié des producteurs de spectacles risquent de déposer le bilan avant la fin de l’année, s’il n’y a pas un véritable plan de sauvegarde. Certes, des mesures gouvernementales ont été prises, mais pour l’instant, elles ne nous emmènent qu’au mois de septembre. Si une seconde vague arrive, les entreprises ayant déposé le bilan ne reviendront pas en 2021. On avait commencé déjà à en parler avec le ministère de la Culture et de l’Économie. Cette mesure n’est ni structurelle, ni synonyme de reprise, c’est une mesure sociale.

 

L'essor des plateformes de streaming par abonnement qui profite à l'industrie française de la musique.

Le streaming a apporté une diversité dans le choix des artistes et dans les propositions qui n’existaient pas avant. Cela nous permet de découvrir une multitude d’artistes, de courants et justement, cette palette incroyable de nouveaux talents fait la richesse de notre secteur. Il n’existait auparavant que des artistes aux formats radio, télé, au travers des playlists. À l’heure actuelle nous avons la chance, toutes les semaines, d’écouter des nouveautés. Ces plateformes de streaming permettent aussi à des artistes de pouvoir beaucoup diffuser leur musique. Ce qui n’était pas le cas avant. Le streaming a permis aux maisons de disques de rééquilibrer une partie de leurs revenus. C’est un revenu pour des artistes et des artistes qui n’ont pas forcément une signature dans les maisons de disques. Donc le streaming est l’un des acteurs majeurs du futur.

 

La mort du célèbre musicien, producteur et compositeur italien, Ennio Morricone.

C’est un artiste et un producteur exceptionnel. Une énorme perte pour la musique, parce qu’il a été une source d'inspiration pour beaucoup d’artistes dont des rappeurs, compositeurs et musiciens. Beaucoup de gens pensent qu’Ennio Morricone, ce ne sont que des œuvres cinématographiques et, surtout, que des films de western, mais il a aussi composé pour la télévision, l'orchestre, le concert. Le Maestro restera à jamais gravé dans l’univers de la musique.

 

Google qui annonce changer sa politique publicitaire à partir de fin juillet. Les vidéos qui dépassent les huit minutes sur YouTube seront désormais éligibles aux publicités mid-roll.

En payant la redevance de la télévision, nous ne voulons de publicité sur la télévision publique, mais à partir du moment où nous sommes sur une plateforme privée, il faut forcement s’attendre à ce que celle-ci cherche à se rémunérer. Mais nous sommes déjà habitués. Nous ne pourrons plus y échapper et nous n’avons malheureusement pas le choix.

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