Tac tac, badaboum. Des milliers et des milliers d’anonymes, toutes générations confondues, se pressaient aux Invalides dans une file d’attente interminable pour rendre un dernier hommage à leur Professionnel préféré, à leur Magnifique, à leur As des As : Jean-Paul Belmondo, dont la mort a suscité une émotion rare, aussi sincère qu’unanime. À quelques exceptions près : dans ce concert de louanges et de regrets, quelques voix s’élevaient pour rappeler que, quand même, Belmondo était un personnage « problématique ». Que, quand même, il incarnait un roulage de mécanique oppressif, une rance assurance d’homme blanc, de boomer machiste. Fatigue. C’est oublier bien vite que Bébel était le premier à se moquer de son image de mâle alpha dans Le Magnifique, inénarrable pastiche de films d’espionnage. C’est aussi confondre masculinité toxique et masculinité tout court. Le biscoto ne fait pas le macho. Le plus souvent, en réalité, le vrai mâle toxique ne ressemble à rien, est gaulé comme un cure-dents, perd à moitié ses cheveux et a le charisme d’une endive irradiée. Et profère, en toute décontraction, des phrases telles que « Les femmes n'expriment pas le pouvoir, elles ne l'incarnent pas, c'est comme ça. Le pouvoir s'évapore dès qu'elles arrivent. » Et ça, comme disait Bébel dans À Bout de Souffle, « c’est vraiment dégueulasse ».