On a déjà pris l'habitude d'interagir avec notre écran téléviseur par des gestes grâce à la Xbox 306, la console de jeux et sa Kinect, le détecteur de mouvements. Mieux, le désormais célèbre appareil permet aussi de recevoir des ordres par la voix, comme Siri, le logiciel de reconnaissance vocale disponible sur l'Iphone 4S d'Apple (lire Stratégies n° 1660 du 5 janvier 2012).
Aujourd'hui, c'est au tour des constructeurs de téléviseurs de transposer ces usages sur les nouvelles générations d'appareils connectés à Internet («Smart TV»). Ils parient sur la disparition à terme de la télécommande... au risque de provoquer la zizanie dans le salon au moment de choisir le programme télé.
Ces nouveaux téléviseurs, pilotés par le geste ou la voix, permettent quasiment tous les usages d'une télécommande: changement de chaîne, de source vidéo, hausse ou baisse du volume sonore, extinction ou allumage... Ils offrent aussi une fonction de recherche, d'un programme par exemple.
En début d'année, le coréen LG a dévoilé la Magic Remote, une télécommande destinée à piloter à la voix sa gamme de téléviseurs Smart TV. Le 23 mars, c'est son concurrent Samsung, leader du secteur, qui a lancé des téléviseurs dotés du système Smart interaction.
Ces derniers, outre la commande vocale et gestuelle, ajoutent la reconnaissance faciale. L'appareil détecte et gère les différents profils de la famille et lance automatiquement leurs applications TV préférées, telles You Tube ou Skype, sans être obligé de saisir un mot de passe.
Orange et Microsoft se sont associés afin de proposer à leurs clients communs (les abonnés Orange équipés d'une console de jeux Xbox 360 connectée et d'une Kinect) de naviguer entre les programmes des chaînes au geste et à la voix grâce à une application ad hoc.
«Celle-ci est disponible depuis le 17 avril pour une trentaine de chaînes d'Orange TV, puis elle sera étendue à une soixantaine d'autres en mai, et, d'ici la fin d'année, aux fonctions de vidéo à la demande et de TV de rattrapage», précise Alice Holzman, directrice marketing d'Orange France.
L'autre tendance et de faire glisser des contenus d'un écran à l'autre via un service mobile ad hoc, sans devoir brancher de câble. Installé dans votre canapé, vous contemplez vos photos de vacances, écoutez de la musique ou regardez un site Web. D'un glissement de doigt, vous faites passer ces contenus sur l'écran du téléviseur.
Logique: le smartphone ou la tablette les stockent, et le téléviseur permet de les visualiser et de les partager. La technologie s'appuie sur le protocole DNLA (Digital Living Network Alliance), qui permet d'échanger des contenus entre différents appareils électroniques.
Chez Sony, c'est une fonction baptisée Throw qui permet d'envoyer d'un seul geste les contenus multimédias sur tous les périphériques connectés. Panasonic a greffé la fonction «swipe and share» à ses derniers téléviseurs et ses prochains smartphones Eluga, attendus en juin.
En faisant glisser son doigt vers le haut de l'écran de son téléphone, l'affichage des photos, vidéos et site Internet bascule sur le téléviseur. Mais ici, ce système n'est compatible qu'entre les appareils Panasonic.
D'autres constructeurs proposent ce type de fonction via une appli mobile, comme Play To, gratuite et disponible pour les téléphone équipés de Windows signés LG, HTC ou Nokia Lumia, ou Imediashare pour l'Iphone, payante.
Innovation de rupture ou simple gadget? La télécommande au geste ou à la voix est aussi une manière de créer chez le consommateur une appétence pour un produit dont le rythme de renouvellement est lent, en moyenne tous les huit ans, et où les ventes devraient se tasser cette année, malgré l'Euro de football et les Jeux olympiques.
Encadré
Des ventes en dents de scie
Si 8,7 millions de téléviseurs ont été vendus en 2011, les téléviseurs connectables n'ont représenté que 2,7 millions d'unités vendues. Pour 2012, l'institut GFK prévoit des ventes de 7,6 millions d'unités, soit un retrait d'environ 1 million. «La bulle des ventes de téléviseurs est en train d'éclater, l'enjeu pour les industriels et les distributeurs va donc être de préserver impérativement la valeur du marché», précisait Michaël Mathieu, chef de groupe Image chez GFK, lors d'une conférence en début d'année. D'où la nécessité d'y intégrer de nouveaux types de services.