Alors qu'un débat a lieu en Allemagne sur l'opportunité d'interdire Facebook aux recruteurs (cf. Stratégies n° 1601 du 9 septembre), les réseaux sociaux continuent de marquer des points dans le recrutement. Moins chers que les sites emplois, ils sont aussi redoutablement efficaces sur des petits volumes de recrutement.
Avec la reprise, les responsables ressources humaines ne semblent pas changer leur fusil d'épaule. «Les sites emplois sont clairement en perte de vitesse, constate Claude Monnier, directeur des ressources humaines du groupe Hi-Media (500 salariés). Comme tous mes managers sont présents pour notre activité sur des réseaux comme Viadeo, Linkedin ou Facebook, ils en profitent pour m'alimenter en CV de qualité. C'est devenu un moyen de sourcing majeur pour nous. Mes managers sont donc mes meilleurs chasseurs de têtes.»
Stocker des profils Linkedin ou Viadeo, de surcroît présélectionnés par des collaborateurs, un vrai gain de temps et d'argent pour les services RH. Plus simple que de gérer le service après-vente d'une offre d'emploi, un flot de candidatures à traiter qui ne sont pas toujours dans la cible et auxquelles il faut répondre. Les réseaux sociaux, eux, tout le monde s'y met.
«On a pris l'habitude de rechercher des candidats par profil sur les réseaux professionnels comme Linkedin ou Viadeo depuis deux ans, explique Anne Browaeys, directrice générale de Fullsix France. Nos collaborateurs postent aussi certaines offres sur leurs profils Facebook.» Et la directrice générale de CLM BBDO, Marie-Pierre Benitah, abonde dans le même sens: elle aussi utilise beaucoup Facebook et Linkedin pour embaucher.
Pas la solution miracle
L'adoption massive des réseaux sociaux dans la publicité et la communication, où la cooptation a toujours eu un rôle prépondérant pour le recrutement, est plutôt logique. Les réseaux communautaires ne font que renforcer cette tendance, en facilitant les mises en relation et l'accès à l'information. A fortiori quand il s'agit de trouver un spécialiste du Web ou des réseaux sociaux, rien de plus normal que d'aller fureter sur ces plates-formes.
Même constat sur les fonctions marketing: «Pour un chef de produit, cela devient une habitude de se faire remarquer en communiquant sur ces réseaux avec le directeur général ou le directeur marketing d'une entreprise», confirme Sandrine Rais, consultante senior chez Menway.
Dans les médias aussi, le “réseautage” avait bonne presse bien avant l'émergence de ces plates-formes d'échange en ligne. Il continue de fonctionner à plein sous toutes ses formes: partager un profil Viadeo ou Linkedin avec le directeur des ressources humaines ou lui transmettre un CV reçu par mail. «Notre réseau interne de managers nous envoie beaucoup de curriculum vitae, explique Philippe Pouzeratte, DRH de Prisma Presse (1 100 salariés). Parfois, ils nous transmettent simplement des candidatures spontanées. On en reçoit beaucoup et c'est un autre moyen peu onéreux de recruter.»
Pour autant, les réseaux sociaux ne sont pas une solution miracle. D'abord parce qu'ils ont un petit défaut par rapport aux offres d'emploi: les recruteurs ne sont jamais sûrs que le candidat intéressant sera prêt à quitter son entreprise, alors que si un postulant a fait l'effort de répondre à une annonce, c'est qu'il est décidé à changer de société.
Enfin, si la reprise devient plus vigoureuse et que les besoins en recrutements explosent, les sites emplois pourraient revenir à la mode car ils sont plus efficaces pour drainer beaucoup de candidatures. De la même manière, les chasseurs de têtes reviennent en grâce: pour certains profils très pointus ou très prisés, les DRH les sollicitent à nouveau, une habitude qui s'était perdue depuis le début de la crise. Ainsi, la pourtant très connectée agence Fullsix fait régulièrement appel à un cabinet pour l'aider à trouver ces perles rares.
Suivre sa candidature en temps réel
La traçabilité dans le recrutement, tout le monde en rêve. L'idée? Pouvoir suivre en temps réel l'état de sa candidature. En effet, beaucoup de cadres se plaignent de ne pas avoir de nouvelles quand ils répondent à une offre. Or, une petite révolution s'annonce: l'arrivée des portails candidats. Le cabinet Hudson va lancer le sien début 2011: tout postulant pourra y voir si son dossier est toujours en instance, s'il est pris ou recalé… Plus besoin de harceler l'assistante pour avoir une réponse.