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Pour piloter son entreprise, Jérémie Mani, le président de Netino, utilise le mail sans modération. Et limite les réunions.

L'affaire du bijoutier de Nice, le mariage pour tous, la réforme pénale... tous ces sujets qui ont enflammé la Toile, ces derniers mois, ont donné du travail à Netino, la société de Jérémie Mani, spécialisée dans la gestion des commentaires sur Internet. «Nous sommes sur une niche 2.0, celle de la modération (textes, photos, etc.) pour des médias (à 80%), marques, sites de rencontres ou encore... L'Elysée, dont nous gérons la page Facebook, précise le président de l'entreprise. Il s'agit de sites Internet et de pages sur les réseaux sociaux; d'ailleurs, nous commençons à être sollicités pour la modération de Pinterest et d'Instagram...»
Le manager est à la tête d'une armée de modérateurs: 150, dont une grande majorité sont installés à Madagascar et une trentaine en France (souvent des auto-entrepreneurs). Le reste de l'équipe comprend une vingtaine de salariés à Paris. Jérémie Mani a fait toute sa carrière dans l'univers des start-up. Une voie qu'il a choisie très tôt: «Il m'a suffi de deux stages, l'un chez Kraft Foods et l'autre chez Procter&Gamble, pour prendre conscience que les grandes organisations où il faut remonter quatre niveaux hiérarchiques, pour changer trois virgules dans un texte, n'étaient pas faites pour moi!»

 

Communication sans fioritures

En 1999, encore étudiant à HEC, il profite d'une année de césure à l'université du Michigan (Etats-Unis) pour repérer une idée de création d'entreprise : «J'avais vu de la publicité pour le site du Free Lotto, une loterie gratuite sur Internet, qui collectait les données des joueurs pour faire du marketing direct», se souvient Jérémie Mani. En revenant en France, il cocrée Lotree.com qui deviendra Directinet, avec quatre autres étudiants d'HEC.
Que ce soit chez Directinet ou Netino aujourd'hui, le patron prône un management direct et efficace: «Il y a très peu de réunions, je communique beaucoup par e-mails, avec des messages très courts, où je commence par la conclusion.» Une communication sans fioritures. «Jérémie est très focalisé sur les projets en cours qu'il veut mener à leur terme coûte que coûte, une détermination qui le pousse à être très terre à terre et concret, précise Jean-Marc Royer, directeur associé de Netino. Il a plutôt un caractère introverti, du style à gérer tout seul son stress.»

Quand il recrute pour Netino, le dirigeant cherche à débusquer des personnes qui n'ont pas un gros ego, une condition pour s'épanouir dans ce métier de l'ombre, où les compliments des clients sont rares. «Et les internautes nous considèrent souvent comme des censeurs», complète Jérémie Mani. Pourtant, l'activité de Netino, la gestion de la conversation, est de plus en plus cruciale pour les grands médias et entreprises. «Nous sommes au cœur de la stratégie éditoriale des grandes entreprises, de tous les projets intéressants, il s'agit par nature d'une activité stressante mais passionnante, précise Jean-Marc Royer. Dans ce contexte, le management de Jérémie s'inscrit dans la durée: il veut faire progresser l'entreprise de manière régulière, sans à-coups, avec constance et persévérance.» Une croissance sans modération...


Son parcours en bref :
1976. Naissance à Paris.
2000. Diplômé d'HEC.
2000. Il cofonde Directinet, spécialisée dans la collecte et la location d'e-mails, revendue mi-2006 à la société anglaise IPT (devenue Direct Excellence) pour 33 millions d'euros.
2009. Il s'accorde une année sabbatique.
2010. Il rachète Netino, spécialisée dans la modération de sites Web, lancée en 2002.
2012. Netino lève 2 millions d'euros.

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