école
Cette structure permet aux étudiants d’acquérir une expérience professionnelle susceptible de favoriser leur insertion dans le monde du travail tout en étant rémunérés. Une voie à creuser pour les écoles de publicité et de communication.

La crise, quelle crise ? Quarante ans après leur création, les junior-entreprises (JE) se portent comme un charme. Ces associations, présentes dans les écoles et universités, réalisent aujourd'hui un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros, soit une augmentation de 16,6% depuis 2005. «Malgré la crise économique, l'activité est restée stable en 2009, se félicite Olivier Fournier, président de la Confédération nationale des junior-entreprises (CNJE). Plus que jamais, les entreprises continuent de faire confiance aux étudiants.» L'État aussi, en la personne de Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, qui a annoncé en novembre un objectif d'implantation de vingt nouvelles JE dans les universités française d'ici à trois ans (parmi les 140 JE recensées, 15 seulement sont en universités).

Chaque année, plus de deux mille entreprises sollicitent des junior-entreprises en leur confiant des missions relevant du domaine de compétence des écoles dans lesquelles elles sont installées.

En communication et marketing, les missions sont variées. Elles peuvent porter sur des études de marché et de notoriété, un lancement de produit, la création d'événements, de contenus rédactionnels, de sites Web, de logo, de supports de communication, de campagnes, etc.

Intérêts pour le client ? D'abord, des tarifs deux à trois fois moins élevés que ceux d'un prestataire classique. Ensuite, une réactivité et une flexibilité avec lesquelles les structures traditionnelles peuvent peiner à rivaliser. «Nous sommes capables de mobiliser les compétences d'étudiants surmotivés en un temps record tout en bénéficiant du soutien de l'encadrement pédagogique si nécessaire», souligne Quentin Charriaut, président de Junior Consulting, la JE de Sciences Po, dont 35% des 150 000 euros de chiffre d'affaires annuels provient de mission en marketing et communication.

Enfin, de l'avis des étudiants, si les entreprises font appel à eux, c'est aussi pour recueillir des propositions innovantes et décalées. «Les entreprises ne nous prennent pas de haut, soutient Charline Renaudeau, présidente de Junior Communication, la JE du Celsa. Ce qu'elles viennent chercher chez nous, c'est un regard neuf.» Cette JE compte ainsi à son tableau de chasse de prestigieux clients, comme TBWA Corporate pour une mission de veille médias, Bouygues pour un audit de marque, Microsoft et Areva pour diverses missions de communication.

Une expérience professionnalisante

Côté étudiants, les intérêts à participer à l'aventure sont nombreux. Pour les permanents de l'association, tous bénévoles (10 à 20 par JE en moyenne), c'est une expérience de gestionnaire de structure où l'on se familiarise avec la comptabilité, l'activité commerciale (prospection, fidélisation) ou la gestion des ressources humaines. De quoi favoriser l'esprit entrepreneurial. Pour ceux en charge des missions, c'est aussi l'occasion d'appréhender les problématiques des entreprises, la gestion d'une relation commerciale ou encore le respect des délais, tout en étant rémunérés. La grille de facturation d'un étudiant va de 80 euros minimum à 280 euros HT par jour d'étude. «J'ai touché 1 800 euros pour une mission de quelques semaines, inespéré», s'enthousiasme Laurène Deville, une étudiante en 5e année à l'école de communication de Sciences Po faisant partie de la JE.

Autant dire que les étudiants se bousculent pour participer à ces missions ponctuelles. «Jusqu'à cinquante candidatures par mission, précise Quentin Charriaut, de la JE de Sciences Po. Du coup, on leur fait passer deux tours d'entretien avant de les sélectionner.»

Pour tous, permanents ou non, l'expérience est jugée professionnalisante. Selon un sondage de la CNJE publié en septembre 2009, 87% des junior-entrepreneurs valorisent cette activité dans leur recherche d'emploi. «C'est un moyen évident de faire la différence et de se démarquer pour une candidature ou lors d'un entretien d'embauche, estime Clément Morin, président de la JE de l'Institut de la communication et des technologies numériques.

Pourtant, dans les écoles de communication et de publicité, le concept de JE et ses avantages supposés séduisent peu. Seuls le Celsa, l'Ecole des hautes études des technologies de l'information et de la communication (Hétic, à Montreuil), l'Institut de la communication et des technologies numériques (Icomtec, à Poitiers) et Sciences Po (Paris et Lille) bénéficient d'une junior-entreprise. «La communication est pourtant particulièrement adaptée aux pédagogies fondées sur le traitement de cas concrets», souligne Olivier Fournier, de la CNJE.

En réalité, la plupart des écoles de communication font aussi travailler leurs étudiants sur des cas réels soumis par des entreprises, mais par le biais de concours, voire, comme à Sciences Com ou à l'Iscom, via la création de microagences. L'Iscom en compte par exemple près de 180 cette année, formées de petits groupes de quatre à cinq étudiants.

La différence avec les JE ? Les étudiants sont rarement rémunérés, sinon au lance-pierre. «Créer une JE est une excellente idée, notamment pour mieux formaliser les règles du jeu et éviter les abus, explique Ghislaine Cudelou, directrice de l'Iscom. Chez nous, c'est à l'ordre du jour.» À suivre.

 

Les junior-entreprises en bref

90% des grandes écoles ont créé leur junior-entreprise.

11 600 étudiants y travaillent ponctuellement au gré des missions.

2 000 étudiants en sont permanents.

1 600 projets sont confiés annuellement aux JE.

7 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisés en 2008 par l'ensemble des JE.

80 à 280 euros HT, c'est la rémunération d'un étudiant par jour-étude.

Source : Confédération nationale des junior-entreprises (CNJE).

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