À l’occasion de l’ouverture de son nouveau campus à Saint-Ouen la rentrée prochaine, l’école de commerce nantaise Audencia a fait appel à l’agence Jellyfish pour la réalisation de sa campagne futuriste, imaginant les métiers de demain. Stratégies était sur place.
Trappes, Yvelines. Il fait encore nuit quand une partie de l’équipe arrive au studio VPH (Virtual Production House) aux alentours de 8h30. Avec des températures de -1°C maximum, tout le monde a été prévenu la veille de venir « bien couvert ». Car dans ce grand hangar, le chauffage est absent. Ce 15 décembre est tournée la prochaine campagne Audencia aux côtés de l’agence Jellyfish, qui a choisi la boîte de production Soldats. Fondée à Nantes en 1900, cette école précédemment appelée ESC Nantes a vu plus de 32 000 étudiants passer par ses portes.
Avec l’ouverture d’un nouveau campus à Saint-Ouen-sur-Seine en septembre prochain, Flore Tyberghein, chief marketing officer Audencia, explique l’objectif de cette communication. « Notre but est de lancer une grosse campagne basée sur la notoriété pour mettre en avant les bachelors, afin d’attirer les lycéens. Nous avons organisé un appel d’offres en octobre d’environ un mois avec une compétition entre cinq agences. Nous avons retenu Jellyfish pour leur vision insight client qui est très forte. 85% des métiers du futur n’existent pas encore, et avec ce climat actuel d’éco-anxiété, nous avons voulu faire quelque chose de positif en changeant les codes LinkedIn pour montrer aux jeunes les métiers du futur. Nous sommes persuadés qu’en 2028, ces métiers qu’on a créés existeront puisqu’on les a rattachés à trois secteurs réels à savoir la finance, le marketing et la RSE », confie-t-elle emmitouflée dans son manteau en terminant son café.
La journée s'annonce intense : l’entièreté du tournage se fait aujourd’hui. Trois sets sont prévus avec deux actrices et un acteur qui vont se retrouver au milieu du studio en interagissant avec cet immense écran digital. Les studios VPH ont la cote puisqu’ils ont été récemment utilisés pour la série The Mandalorian, ou encore par le rappeur Orelsan dans son clip L’Odeur de l’essence. « C’est une technique qui permet d’éviter de trop éclairer, et ça fait gagner du temps en postproduction puisqu’on n’a pas besoin de détourer les personnes. On peut travailler en basse lumière, mais c’est une mise en œuvre plus coûteuse qu’un fond vert, le prix est multiplié par dix », explique Jean Klotz, producteur.
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La mise en place se fait progressivement pendant que la styliste prépare le premier modèle. Elle revient dans une tenue rose qui ne convainc pas, puis repart en essayage avec un look plus neutre, mais tout aussi élégant. Avant de commencer à tourner, des questions de dernière minute se posent sur l’intitulé du métier et sur la couleur du texte. « Est-ce assez clair ? ». Lucas, directeur de la photographie chez Jellyfish au Royaume-Uni venu pour tourner une vidéo making of, est sollicité pour trouver une formule drôle et compréhensible. Le poste Blockchain Expert for the Planet est choisi pour cette première séquence. Un autre débat s’ouvre quelques minutes plus tard pour savoir s’il serait mieux de faire apparaître un texte blanc sur fond noir, ou rose sur noir. Des tests sont effectués, et la première option est retenue.
La personne chargée de l’animation opère quelques modifications pour que la vidéo soit prête avant le début du tournage. À 10 heures, les répétitions commencent, et une demi-heure plus tard, les caméras s’allument. « Moteur, ça tourne ! ». L’actrice, équipée d’une petite boîte, s’avance vers la caméra, tandis que derrière elle est projetée une animation d’un lever de soleil aux tons chauds comme si elle se retrouvait dans un désert. La fin de cette première séquence se conclut sur une sorte de nouveau monde avec le texte qui propose de devenir le ou la prochaine Blockchain Expert for the Planet. Entre les prises, le modèle recouvre ses épaules dénudées avec un manteau pour se réchauffer. Les séquences sont fluides et s’enchaînent assez rapidement. Une séance photo a lieu et l’heure de déjeuner sonne à 12h30.
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Après avoir fait le plein d’un repas un tant soit peu réchauffant, les préparations d’installations pour le deuxième set s’accélèrent. Cette fois-ci, il s’agit du poste de Climate-Change Metaverse Manager. Le décor rappelle un peu le monde en 2020 imaginé dans Retour vers le futur. L’écran digital affiche une sorte de jungle avec des immenses fleurs qui s’animent le temps de quelques secondes. Contrairement à la première séquence, le plateau est agencé avec un fauteuil et trois grandes ampoules. « Avec cette idée de métier, on veut montrer que ce qu’il se passe dans le métavers peut arriver dans la vie réelle », confie Thomas Guilhot, directeur de la création, durant un temps de pause. La deuxième actrice est prête et est tout de suite repérable puisque ses cheveux verts saillants – qui ne sont pas une perruque – attirent immédiatement l’œil. Elle se met en place et aux alentours de 15h40, le tournage reprend. Les scènes s’enchaînent relativement vite, et une heure plus tard l’affaire est pliée. Il ne reste plus qu’à tourner le métier de Space Recycling Director, mais c’est l’heure de partir.
Initialement prévue pour la mi-janvier, la campagne a pris un peu de retard et sera diffusée à partir de la première semaine de février, jusqu’en mars à la période de clôture des vœux Parcoursup. Un film de 45 secondes et 3x15 spots seront publiés en bump skippable sur YouTube, afin d’inciter les jeunes à rester jusqu’au bout de la publicité.