Quatre-vingt-deux pour cent des Français sont préoccupés par la dette de la France.

«Du sang et des larmes...»? En tout cas, un plan de rigueur en bonne et due forme. C'est ce qu'a présenté le Premier ministre, François Fillon, mercredi 24 août, dans le cadre de son plan de mesures de réduction des déficits. Les mesures (contribution sur les revenus les plus élevés, hausse des prélèvements sociaux sur les revenus du capital, etc.) seront soumises au Parlement cet automne. Parmi celles-ci, on notera l'augmentation des prix du tabac de 6% en 2011 et en 2012, une hausse de la fiscalité sur les alcools forts et la création d'une taxe sur les boissons sucrées. Cette dernière notamment a aussitôt été jugée «illogique et scandaleuse» par lʼAssociation nationale des industries alimentaires (Ania).

 

Mais les Français, eux, qu'en pensent-ils au juste? Un sondage Ifop, publié le 14 août dernier dans Sud-Ouest dimanche, montrait déjà que 82% des Français étaient préoccupés par la dette de la France, au même niveau que la lutte contre la délinquance. Une enquête plus récente menée les 22 et 23 août par l'institut CSA pour BFM-TV, RMC et 20 Minutes, montre que 60% des sondés seraient même favorables à l'inscription dans la Constitution d'une règle d'or sur l'équilibre budgétaire telle que proposée par Nicolas Sarkozy. Une étude Ifop/Paris Match réalisée les 25 et 26 août montre toutefois que 86% pensent qu'en dépit de cette règle d'or, le budget de l'État continuera d'être en déficit dans les prochaines années et 68% qu'il s'agit avant tout d'une opération de communication et d'une manœuvre politique.

 

Voilà pour la position de principe. Côté travaux pratiques, la situation se complique. Selon une enquête réalisée entre les 17 et 19 août par l'Ifop pour La Lettre de l'opinion, 59% estiment que la solution n'est pas d'augmenter les impôts. En revanche, ils sont 95% à approuver une taxe sur les très hauts revenus. Un véritable plébiscite qui n'a pas échappé aux seize patrons (dont Maurice Lévy de Publicis) qui ont publié peu après sur le site du Nouvel Observateur un appel pour l'instauration d'une taxe sur les plus hauts revenus. Les Français à 87% sont également favorables à une taxation des transactions financières au niveau européen, que compte défendre la France. Ils sont 82% à prôner une augmentation de l'impôt sur la fortune, ce qui n'est pas vraiment la voie adoptée par le gouvernement.

 

Un autre sondage, mené également du 17 au 19 août, mais cette fois par l'institut Harris Interactive pour L'Humanité dimanche, confirme la plupart des enseignements de l'étude Ifop. On y apprend également que les Français sont partagés, entre autres, sur l'augmentation des impôts sur les sociétés (50% pour et 46% contre), la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires (47% versus 50%) et le retour à une TVA plus élevée sur la restauration (43% versus 53%). Justement, trois domaines qui ne sont pas concernés par le plan Fillon, à l'exception des heures supplémentaires qui conservent toutefois les abattements pour les salariés.

 

Parole d'expert

 

«L'opinion est mûre... pour des mesures justes»

 

Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinions et Stratégie d'entreprise de l'Ifop.

 

«Les dernières enquêtes montrent qu'aujourd'hui les Français ont réellement pris conscience du problème de la dette. Mais la solution passe selon eux par une baisse des dépenses publiques plus que par une hausse des impôts, exception faite des hauts revenus. Tout cela n'est évidemment pas sans contradiction quand on sait que les Français affichent un fort attachement aux services publics en réclamant plus d'enseignants, de policiers et d'infirmières. En fait, l'opinion est désormais mûre pour comprendre la nécessité de telles réformes d'autant plus si on lui explique clairement et si on prend des mesures justes.»

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