Dites-moi quelles entreprises vous aimez, je vous dirai pour qui vous votez. C'est un fait, l'image des entreprises est étroitement corrélée aux sympathies politiques du sondé. Les proches du Front national, électorat à dominante populaire, sont socialement les plus sensibles au pouvoir d'achat. C'est pourquoi ils privilégient naturellement les enseignes de la grande distribution. Intermarché, Auchan et E.Leclerc sont dans leur trio de tête alors que l'ensemble de la population plébiscite d'abord Peugeot et Citroën.
Si la marque au lion est, sans surprise, l'entreprise préférée des sympathisants de l'UMP, celle aux chevrons, de façon plus surprenante, est celle que détestent le moins… les Verts. Les écologistes ont la particularité d'être les moins enthousiastes quand il s'agit de noter une entreprise. Ils sanctionnent plus (huit entreprises ont un indice négatif contre seulement deux toutes tendances confondues) et plus lourdement les entreprises qui ont été confrontées, bien sûr, à des problèmes environnementaux, mais aussi celles qui ont connu des accidents dans le domaine social ou sociétal, comme France Télécom et la Société générale.
La crise encore dans les esprits
Paradoxalement, alors que les commentateurs font le constat d'un pays qui virerait à droite, l'image moyenne des entreprises correspond en tout point à ceux qui se sentent en affinité avec la gauche parlementaire. Plus attendu, le sondé de droite est plutôt critique envers les entreprises de service public alors que celui de gauche, même lorsqu'elles connaissent un passage difficile, a globalement plus de mansuétude à leur égard. Le sympathisant de gauche a aussi, semble-t-il, la particularité d'avoir plus de mémoire. Après une crise, une entreprise qui licencie sera plus vite pardonnée par les électeurs de l'UMP alors qu'il faudra plus de temps pour qu'elle retrouve ses scores habituels auprès des sympathisants de gauche.
Au global, certaines entreprises connaissent un vrai tropisme à droite : Danone (+20 d'indice d'image(1)), Airbus (+15), Michelin (+14), mais aussi Renault (+20) qui avait la particularité, jusqu'à sa privatisation, d'être une entreprise emblématique de la gauche. Dans le même temps, Citroën et Peugeot, marquées à droite, sont devenues des entreprises également plébiscitées par la gauche. Le consensus se développe, toutes opinions politiques confondues, sur un constat partagé: la France est encore au cœur de la crise. La nouvelle baisse de l'indice moyen de l'image des entreprises, lui-même indexé sur le moral des ménages, 20 points en deçà de la normale, en témoigne. Tout comme l'adhésion partagée pour les enseignes de la grande distribution qui, depuis la création de l'euro, souligne la problématique des fins de mois au centre des préoccupations des Français.