étude
61% des Français pensent que ce sera une année de difficultés économiques.

En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées… noires! C'est ce qui ressort d'un sondage BVA-Gallup International paru le 3 janvier dans Le Parisien mené dans 53 pays. L'enquête, réalisée par Internet à la fin novembre 2010, montre que les Français sont les plus pessimistes sur leur situation en 2011, puisqu'ils déclarent à 61% que cette année sera lourde de difficultés économiques (+10 points en un an), contre 42% en Europe de l'Ouest et 28% dans le monde.

Sur le front du travail, les Français sont un peu moins pessimistes que l'an dernier, puisqu'ils sont 59% à penser que leur emploi est sûr (contre 48% en 2009), mais ils sont 61% (contre 53%) à estimer qu'il serait «assez long» d'en trouver un nouveau. Un concentré de la vision française d'un Etat relativement protecteur et qui témoigne d'une grande inquiétude.

Il importe néanmoins de souligner que la France, parce qu'elle part de haut en matière de revenu par habitant et de protection sociale, ne peut être que plus pessimiste que d'autres. Les champions de l'optimisme ne sont-ils pas le Nigeria, le Vietnam et le Ghana, en bas de classement sur le plan de la richesse par individu?

Dans l'Hexagone, l'emporte le sentiment que l'Etat providence sera à l'avenir de moins en moins enclin à compenser les inégalités, une perspective qui affecte le moral des ménages.

Mais pour avoir une photographie plus précise de la situation française, on peut aussi se reporter à une étude intitulée Les Etats de la France, publiée le 16 décembre et menée auprès de 700 MBA de l'Insead. Il en ressort que la France n'est plus considérée comme une grande puissance mondiale et que sa place de puissance «majeure» ou «moyenne» lui sera de plus en plus disputée dans les dix prochaines années.

Si notre pays génère toujours des émotions très positives à l'étranger (voir ci-dessous), quatre étudiants MBA sur cinq se déclarent «soucieux» ou «anxieux» sur l'état de la France. Pourtant, si l'on regarde de plus près l'étude, et notamment sa pyramide des compétences Insead-E-Lab, on constate que la France reste un leader. Sur 55 pays en compétition, elle se situe en 16e position en matière de compétences fondamentales et d'alphabétisation, en 9e pour ce qui concerne les compétences professionnelles (formations ingénieurs, management…) et en 15e s'agissant des capacités dans l'économie mondiale de la connaissance (+2 points par rapport à 2007).

Au global, la France est passée du 13e au 12e rang dans le paysage mondial des compétences, car l'Allemagne et le Royaume-Uni accusent un recul en 2010 et que les Français restent des champions de la productivité. Mais nos principaux handicaps sont notre capacité à intégrer les jeunes dans le marché de l'emploi ainsi que notre «administration et notre classe politique».

 

Ludo Van der Heyden, professeur à l'Insead

«Les étrangers du programme MBA de l’Insead aiment la France presque autant que les Français s’aiment eux-mêmes. Ils sont très ouverts sur ce pays et ont une émotion très positive à son sujet. Nos MBA trouvent que son modèle social appartient au passé, et ce n’est donc pas parce qu’ils n’aiment pas la France qu’ils rejettent ce modèle. A la question «Aimeriez-vous y vivre?», la réponse est oui. Mais 80% d’entre eux sont soucieux ou anxieux sur l’état de la France. Ce pays est passé, dans le classement 2009, de la 13e à la 12e sur 55 économies en compétition (source: Fonstad and Lanvin), mais uniquement parce que son score global a moins diminué que celui de l’Allemagne ou du Royaume-Uni. Il semble qu’il  manque une stratégie claire et des investissements dans la formation pour avoir l’opportunité de faire mieux.»

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