Ressources humaines
60% des femmes seulement accepteraient un poste avec plus de responsabilités.

Un bilan pour le moins contrasté. Voilà ce qui ressort de l'Observatoire Cegos sur les femmes au travail, étude menée en septembre 2010 qui croise les avis de 900 femmes et 166 directeurs des ressources humaines (dont 47% de femmes). Selon cette enquête, les trois quarts des femmes déclarent travailler surtout pour bénéficier d'une indépendance financière, la réalisation de projets intéressants étant une source de motivation secondaire, y compris pour les cadres. Leurs attentes se portent avant tout sur la qualité de vie (bonnes relations au travail, absence de stress) et le niveau de rémunération.

Même si de telles aspirations restent relativement insatisfaites, c'est cependant la maternité qui constitue l'obstacle numéro un dans la vie active. Six femmes sur dix indiquent en effet rencontrer des difficultés pour concilier vie personnelle et professionnelle. Ceci explique que 68% d'entre elles souhaitent un doublement des congés en cas d'enfant malade ou de famille monoparentale, et que 64% souhaiteraient la mise en place d'un service de garde d'enfants dans l'entreprise. Cependant, seul un DRH sur deux déclare mettre en place un aménagement visant à améliorer le lien entre travail et famille, dont font partie les crèches d'entreprise.

Si la majorité des DRH vérifient que l'égalité hommes-femmes est bien respectée en matière de promotion, ils se montrent bien moins nombreux (moins d'une entreprise sur deux) à mettre en œuvre des politiques de quota pour les emplois où les femmes sont sous-représentées. De manière générale, des accords professionnels ont récemment été négociés dans 52% des entreprises et un accord sur l'égalité entre les sexes a été signé dans 58% d'entre elles.

Les cadres plus pénalisées que les employées?

Concernant l'écart de salaire entre hommes et femmes, 38% des DRH pensent qu'il a tendance à se réduire, un optimisme partagé par seulement 16% des femmes. De même, si 43% des femmes affirment subir leur travail à temps partiel, les DRH croient que c'est le cas pour seulement 14% d'entre elles. Femmes et DRH s'accordent toutefois à plus de 50% sur le fait que des comportements tels que la jalousie ou la rivalité, la sensibilité et les réactions émotives sont typiquement féminins.

Les femmes sont par ailleurs inquiètes d'un retour aux «vieux schémas» que pourrait provoquer la crise. Préoccupation légitime, puisqu'un DRH sur trois confirme donner préférence aux hommes en cas de difficultés économiques. Aujourd'hui, une femme sur quatre a le sentiment d'avoir été discriminée sur son lieu de travail à cause de son sexe. À noter: les cadres se sentent plus pénalisées par les préjugés des hommes (29%) et le poids des valeurs masculines (26%) que les employées ou ouvrières (17% pour ces deux freins).

Malgré tout, les femmes sont plutôt confiantes: 73% d'entre elles pensent avoir la capacité de s'adapter aux besoins de leur entreprise et 53% sont convaincues de l'évolution positive de leurs résultats. Mieux, une femme sur deux se dit prête à changer de métier ou d'entreprise, et une sur trois à changer de région ou à s'expatrier. Pourtant, seulement 60% des femmes accepteraient un poste impliquant davantage de responsabilités, principalement pour des raisons familiales.

 

Parole d'expert

Annick Cohen-Haegel, manager au sein de l'unité ressources humaines de Cegos

 

«La politique menée par un DRH reflète en grande partie la volonté de sa direction. L'objectif de la loi de 2006 de réduire à zéro les écarts de salaire entre hommes et femmes d'ici à 2010 était impossible à tenir. Nous en sommes à une prise de conscience collective, à un début d'action à suivre. Il faut aussi voir que le handicap, la diversité et les seniors sont des thèmes qui font concurrence à l'égalité homme-femme et que l'entreprise ne peut se substituer au couple: des négociations sur la parité parentale doivent aussi être ouvertes. Si on veut avancer, les entreprises doivent s'orienter davantage sur les compétences que sur le sexe, et la contrainte légale doit être renforcée.»

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