Après le coup de boule de Zinedine Zidane et la main de Thierry Henry, le nouveau scandale des Bleus se prénomme Zahia. À moins de deux mois du début de la Coupe du monde de football, une affaire vient encore ternir l'image déjà peu brillante des Bleus. Trois joueurs pressentis dans les vingt-trois qui partiront en Afrique du Sud sont soupçonnés d'être impliqués dans une affaire de proxénétisme. Une prostituée, baptisée Zahia, aurait eu une relation avec Karim Benzema alors qu'elle n'avait que 16 ans, mais aussi avec Franck Ribéry étant toujours mineure, et enfin avec Sidney Govou, juste après avoir fêté ses 18 ans, début 2010.
Au matin du 21 avril, Le Monde publie «Les déclarations de Zahia D.». Il aura seulement fallu une matinée aux internautes pour retrouver le nom complet de la jeune femme et, par conséquent, son profil Facebook, son blog… et partager des photos et vidéos via Twitter. En quelques heures, la vie de «l'entraîneuse des Bleus» devient le buzz du moment. Une vidéo du passage de la jeune femme sur NRJ12 fait le tour des réseaux sociaux. Zahia fait même l'objet de quelques blagues de plus ou moins mauvais goût, comme la création du groupe Facebook «Grâce à Zahia D., les Bleus enchaînent enfin les passes». En deux jours, le mot «Zahia» est passé de 200 à 670 000 résultats sur Google.
Les médias attaquent eux aussi sans états d'âme, quitte à oublier la présomption d'innocence: un article publié le 21 avril sur 20minutes.fr avait pour titre initial «Zahia, la prostituée de Ribéry», avant d'être modifié dans la journée pour «La liaison présumée de Ribéry». Étant totalement absent des réseaux sociaux, le joueur n'a aucun moyen de se défendre sur la Toile.
Gare aux sponsors !
Quelles conséquences pour les Bleus? «Si leur image avait été bonne, cette affaire aurait été perçue comme quelque chose de secondaire», affirme Patrick Mignon, directeur du laboratoire de sociologie du sport de l'Institut national du sport et de l'éducation physique (Insep) dans Lemonde.fr/sport.
Mais ce n'est pas le cas, comme on sait. Car ces accusations font suite à des performances décevantes et une qualification «avec la main» (de Thierry Henry). Selon un sondage Ipsos réalisé pour France-Soir avant cette polémique, seulement 5% des Français voyaient la France remporter la Coupe du monde.
Une enquête menée par l'institut CSA révélait que seulement 51% des sondés avaient une bonne image des Bleus, et pas moins de 54% estimaient que les protégés de Domenech ne dépasseraient pas les quarts de finale.
Après la révélation de l'affaire de la prostituée mineure, un sondage sur le site de France-Soir montrait, le 21 avril, que pour 57% des personnes interrogées, Franck Ribéry ne peut plus représenter la France. Un sondage sur le site football365.fr a également attiré les foules: 11 635 votants en deux jours (20 et 21 avril), qui ont affirmé massivement (70%) que l'affaire de proxénétisme qui touche les Bleus aura des conséquences négatives sur l'équipe.
Les joueurs risquent gros dans cette affaire, à commencer par perdre leurs sponsors. Même si Nike, sponsor de Franck Ribéry (et également de Tiger Woods, autre vedette impliquée dans un scandale à caractère sexuel), assure le joueur de son soutien.
parole d'expert
«Mettre en place une véritable communication de crise»
François Guyot, directeur général de l'agence Sport Market
«Quand un contrat entre un sponsor et une marque est signé, il comprend des clauses liées à l'image. Je pense que Nike avait tout prévu. Le problème ne concerne pas seulement son e-reputation mais son image globale. Franck Ribéry n'a encore pas pris la parole sur le sujet, c'est peut-être une tactique, mais cela ne l'aide pas. Il doit mettre en place une réelle communication de crise, avec l'aide de sa famille ou de la fédération. L'équipe de France n'avait pas besoin de ça, mais cela peut-être un électrochoc pour les joueurs, qui voudront montrer leur talent sur le terrain plutôt que dans les magazines people.»