Ouf! On pourra sans aucun doute parier sur les matchs de la prochaine Coupe du monde de football. L'ouverture du marché des paris sportifs, mais aussi des paris hippiques et du poker en ligne, devrait intervenir fin mai ou début juin. Mercredi 30 mars, le projet de loi passe en seconde lecture à l'Assemblée nationale. De quoi satisfaire les futurs opérateurs, qui sont déjà sur la ligne de départ avec l'espoir de remporter la plus grosse partie d'un marché estimé à un milliard d'euros en 2009, mais qui devrait se situer entre 2 et 3 milliards cette année, et être multiplié par deux en 2013, selon une étude de NPA Conseil révélée le 22 mars lors d'un colloque du Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste).
La France doit s'attendre à une petite explosion, comme ce fut le cas à l'époque chez nos voisins britanniques, où ce marché est libéralisé depuis plusieurs années. Outre-Manche, 150 opérateurs se partagent un marché de 6,9 milliards d'euros de mises annuelles. Mais pour grignoter des parts de marché, il faudra aussi se faire connaître. Car, à ce jour, exceptés la Française des jeux et le PMU (les deux seuls opérateurs habilités à gérer les jeux d'argent), le grand public ne connaît pas les sociétés de paris sportifs. D'après un sondage LH2 réalisé en octobre 2009, La Française des jeux et le PMU sont respectivement pour 45% et 24% des Français les deux marques s'investissant le plus dans le sport. Derrière, c'est le vide: Bet Clic n'est cité que par 3% des interviewés, B Win par 2% et Unibet par 1%.
Du coup, pour émerger, la communication sera un passage obligatoire. D'après NPA Conseil, les investissements publicitaires du secteur devraient se monter entre 600 et 750 millions d'euros brut sur les trois premières années, soit de 200 à 250 millions annuels. C'est la télévision qui devrait le plus en profiter le plus, avec 38% des investissements des opérateurs. Suivraient Internet avec 24%, la presse avec 21% et la radio avec 16%.
Roulez jeunesse!
Mais pour parler à qui ? Aussi populaire qu'elle puisse paraître, la pratique n'est pas encore très répandue. Selon l'étude Profiling 2009 d'Ipsos Media CT, seuls 5% des internautes ont déjà misé sur des jeux d'argent en ligne, principalement des hommes de plus de 35 ans. En juin 2009, le même institut d'études révélait que plus de 3 millions de Français jouaient déjà en ligne au poker ou à des jeux de casino. Principalement des moins de 25 ans, qui représentent 21% des internautes mais 35% des joueurs en ligne. Côté dépenses, si plus de 20% des joueurs en ligne déclarent miser plus de 50 euros par mois, 40% investissent moins de 5 euros mensuels. Enfin, le gain d'argent est cité comme la première motivation pour 21% de ces pratiquants, juste devant le plaisir de gagner (20%).
Cette enquête va dans le sens du sociologue Jean-Pierre Martignoni. Lors du colloque du Geste, ce professeur d'anthropologie et de sociologie à la faculté Lumière de Lyon II a indiqué que cinq thèmes rassemblaient 70% des motivations des joueurs: gagner de l'argent, prendre du plaisir, passer le temps, s'amuser et se distraire. Seuls 0,32% des joueurs interrogés avouaient le faire dans le but de… perdre.
Parole d'expert
Francis Merlin, consultant en marketing et en communication
«La Coupe du monde de football sera évidemment le principal élément déclencheur de l'ouverture du marché français des paris sportifs en ligne. À lui seul, le Mondial devrait représenter 300 millions d'euros de mises, sur un chiffre total annuel qui devrait se situer entre 600 et 800 millions d'euros, selon mes estimations. Mais les opérateurs, dont la viabilité économique passe par une offre multijeu (paris sportifs, hippisme, poker), devront communiquer afin de recruter une nouvelle clientèle. En effet, la typologie des joueurs en ligne est, de fait, plus proche de celle des internautes que des joueurs classiques de la Française des jeux et du PMU.»