Tribune
Les entreprises ne pourront pas dresser le récit de 2020 dans leur rapport annuel de la même manière que les autres années. La crise sanitaire est passée par là.

La crise sanitaire n’est toujours pas derrière nous. Pourtant, 2020 arrive bientôt à son terme et il va falloir se pencher sur le récit de cette année si particulière. Entreprises et institutions ont été transformées par ce qu’elles ont traversé. On attend d’elles les récits justes de ce qui a été vécu et une réflexion sincère sur les conséquences de cette épreuve. Le rapport annuel 2020 ne sera donc pas un rapport comme les autres.

Bien raconter 2020, c’est prendre le temps de l’émotion. La crise n’a pas simplement bouleversé nos modes de vie : elle nous a touchés de manière intime dans notre rapport au monde, à l’autre, à l’entreprise. Avant de réaffirmer son modèle ou son cap, l’entreprise doit participer à la catharsis en prenant acte du rôle de chacun dans la crise et des conséquences qu’elle a eue – à travers un yearbook, une exposition ou un espace dédié dans le rapport.

Bien raconter 2020, c’est rester humble face à la crise. Combien d’entreprises ont parlé de « monde d’après » suite à la crise de 2008 ? Combien ont réellement transformé leur modèle, leur façon de faire ? Prendre la mesure de la crise n’est pas un signe de faiblesse, mais d’humilité. Éviter la langue de bois n’est pas un signe de courage, mais une nécessité pour être écouté et entendu. Le rapport annuel 2020 ne pourra pas se contenter de réaffirmer la résilience du modèle, ni d’annoncer un reboot artificiel, sous peine de discrédit.

Bien raconter 2020, c’est laisser l’interne raconter l’entreprise. Le rapport annuel, par sa portée symbolique, est un média puissant vis-à-vis des salariés. C’est pourquoi l’entreprise y raconte souvent l’interne. Et si, cette année, on laissait plutôt l’interne raconter l’entreprise, si on donnait aux salariés un espace d’expression, affranchi des codes du rapport, où ils diraient 2020 avec leurs mots, leurs images ? Ce serait une juste place pour ceux dont l’engagement a souvent permis de traverser la crise.

Bien raconter 2020, c’est raconter l'année avec ses mots. Nous avons tous été frappés par la même crise, mais nous ne l’avons pas tous vécue de la même façon. Alors pourquoi la raconter comme les autres ? Pourquoi prendre les mots des autres ? Choisir ses mots, sa tonalité, ses preuves et faire montre d’une certaine radicalité sera indispensable pour montrer la vérité de l’entreprise.

La raison d’être comme ligne directrice

Bien raconter 2020, c’est donner un sens à l’action de l’entreprise. Si la crise pousse à l’humilité, elle agit parfois dans le même temps comme un révélateur de raison d’être. Le rapport annuel doit donner à cette raison d’être sa juste place, et la rendre claire et inspirante. Cette année, plus que toute autre, la raison d’être – ou l’idée motrice de l'entreprise – doit être la colonne vertébrale du rapport.

Bien raconter 2020, c’est donner toute leur place aux dirigeants. En première ligne durant la crise, ils ont dû prendre dans l’urgence des décisions difficiles et essentielles. Ils ont inventé de nouvelles règles, pensé de nouvelles façons de travailler et d’agir, et, ce faisant, posé les bases d’une nouvelle narration de l’entreprise. Ce rapport annuel doit consacrer leur rôle essentiel et aligner cette narration avec la stratégie et les actions de l’entreprise.

Bien raconter 2020 enfin, c’est aligner la forme avec le fond. Personne n’a attendu 2020 pour se poser la question du papier ou des aplats de couleurs. Pourtant, il faudra cette année avoir une approche plus holistique des impacts du rapport annuel. Car pour avoir le droit d’exister, il devra être exemplaire. Faut-il une version papier ? Quelle écologie pour la version digitale ? Combien de réunions, de déplacements, de shootings ? Anticiper, mesurer, réduire et compenser ses impacts va devenir la norme. C’est maintenant qu’il faut s’y mettre.

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