Parce que La Belle Compétition est sans doute le projet le plus abouti en Europe pour la démarche de progrès dans les relations agences-annonceurs sur les appels d'offres, parce que ce projet est au cœur des enjeux de l’Association des agences-conseils en communication, parce que je me suis engagée avec certains de mes confrères pour le construire, j’ai voulu réagir à l’actualité des compétitions.
«Le succès, c'est se promener d'échec en échec tout en restant motivé», a dit Winston Churchill. Il n’avait pas dit en quoi consiste un échec. Nous, agences, nous le savons lorsqu’il s’agit de new business. Très factuellement, c’est ne pas gagner une compétition. Nous savons ce que cela représente comme colère, frustration puis renaissance, avec les enseignements et l’énergie pour recommencer la prochaine compétition, celle que nous gagnerons tellement l’envie nous anime au plus profond de nous et nos équipes.
Mais l’échec ne s’entend pas lorsque nous recevons un laconique courrier qui annonce une compétition annulée, sans aucune considération pour le travail fourni. Nous comptabilisons immédiatement le gâchis que cela représente, avec ses incompréhensions.
C'est ce qui vient de se passer pour la compétition digitale de La Poste [lire Stratégies n°1830 du 15 octobre]. Cinq mois de compétition sur un appel d’offres public, pour un montant de 17 millions d'euros sur trois ans. Trois présentations pour les trois agences finalistes et, au final, une annulation brutale du processus. Et une indemnisation de 2 000 euros, dérisoire face à l’investissement de cinq mois.
C'est ce type d'aberration qui me fait réagir, parce qu'il a valeur d'exemple. Quelles qu’en soient les raisons, nous ne pouvons et ne voulons pas accepter l’inacceptable.
Lorsque nous prenons cet exemple, ce n’est évidemment pas pour stigmatiser un annonceur, mais pour rappeler que répondre à un appel d'offres, c'est s'engager, mobiliser des équipes, s'investir en temps, en créativité, en argent, donner le meilleur de soi-même pour trouver les meilleures réponses aux problèmes posés par un annonceur. Cela mérite considération.
Nous nous engageons tous les jours pour notre métier et à ce titre, l’AACC est notre terrain de jeu, nous y débattons ensemble de nos métiers, comment les faire mieux encore, comment être toujours meilleurs. Lorsque nous avons lancé La Belle Compétition, c’était exactement dans cet esprit: donner les outils pour progresser, pour les annonceurs comme pour les agences. La Belle Compétition n’est pas qu'une belle idée, c’est une charte d’engagement qui porte les valeurs partagées d’un métier créateur de valeurs, qui explicite ce qu’est un appel d’offres vertueux et qui engage les parties prenantes vers plus de respect mutuel.
Alors, si cet exemple devient le début d’une prise de conscience réelle, nous aurons fait une avancée structurante. Nous croyons au progrès des consciences!