Le roman de Stéphane Courbit est entré dans sa partie à la fois la plus éblouissante et la plus périlleuse. L’ex-stagiaire de Christophe Dechavanne peut se flatter d’avoir réussi un parcours sans faute depuis la revente en deux temps de sa part dans la société d’Arthur à Endemol en 1998 et 2001. Après avoir créé Lov Group en 2007 et lancé Banijay, il n’a cessé de s’imposer par ses audaces comme un poids lourd de la production – la fusion avec Zodiak en 2015 en témoigne. En acquérant le britannique Shine, désormais associé au producteur néerlandais qui l’avait racheté vingt ans plus tôt, il se hisse au premier rang mondial des producteurs TV, sous réserve de l’accord des régulateurs. Reste à éviter plusieurs écueils. D’abord une dette abyssale d’1,6 milliard d’euros qui en fait fuir plus d’un – ITV en tête - et qui est incluse dans la facture de 2 ou 2,2 milliards d’euros. Ensuite, un catalogue qui, malgré les fictions Black Mirror ou Versailles, est essentiellement concentré sur le flux et la télé réalité d’Endemol (Big brother, L'Île de la tentation, Masterchef…). Il reste à espérer pour Stéhane Courbit que cette télé de « grand-frère » ne soit pas balayée par l’avènement du stock et des séries chères aux plateformes. Ou qu’il réussisse vite sa mutation.