À bout de souffle. Cette manière si particulière qu’avait Belmondo de tenir sa clope, bien calée entre l’index et le majeur… Les déclarations de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui lâchait le 16 novembre dernier «Je ne comprends pas l’importance de la cigarette dans le cinéma français» en promettant «des actions fermes» à ce sujet, a engendré des bouffées de nostalgie chez les cinéphiles. Les sèches de Piccoli et Romy Schneider, dans Les Choses de la vie, de Claude Sautet, où il n’est pas un plan où les personnages ne fument pas. La classe absolue d’Humphrey Bogart et Lauren Bacall, nimbés de volutes dans Le Port de l’Angoisse – To have and have not en V.O. Depuis la loi Évin de 1991, ce serait plutôt «to have not»: elle stipule que «toute propagande ou publicité, directe ou indirecte, en faveur du tabac ou des produits dérivés est interdite». Y compris dans le septième art, où on a moins de pudeur à montrer en gros plan des cervelles qui explosent? «Un film n’est pas là pour refléter la société telle que l’État voudrait qu’elle soit», a tonné Frédéric Goldsmith, délégué général de l’Union des producteurs de cinéma. Devant l’ire provoquée par sa sortie, la ministre à rétropédalé. L’interdiction de la cibiche au cinoche, ce n’est pas pour demain. Ironiquement, en anglais, une expression – tirée des fêtes foraines d’antan, où on pouvait gagner des havanes – désigne le fait de tenter une action, puis d’échouer: close, but no cigar!