«L'affaire Dominique Strauss-Kahn» l'illustre avec éclat: tantôt les images sont nécessaires pour incarner une réalité, tantôt elles sont à l'inverse proscrites. Au démarrage de ce qui s'annonce comme une longue et éprouvante bataille judiciaire autant que médiatique, l'incrédulité a dominé, tant les accusations formulées contre le désormais ancien directeur général du Fonds monétaire international étaient, à la lettre, incroyables.

Il a fallu des images pour que «l'affaire» prenne corps. DSK menotté au sortir du commissariat, DSK au tribunal, les fourgons sécurisés de la prison de Rikers Island, Anne Sinclair et Camille Strauss-Kahn au tribunal…

Aujourd'hui libéré sous caution et assigné à résidence sous très haute surveillance, Dominique Strauss-Kahn est devenu invisible – comme la victime présumée. Nulle image du reclus de Broadway (son adresse, annoncée comme temporaire). Est-il seulement dans cet immeuble devant lequel campent des journalistes et s'attardent des touristes? Plus d'image, un début d'effacement, une amorce de déréalisation.

La thèse du complot, elle, a besoin de l'absence d'image pour exister, pour conserver son caractère par définition occulte, pour exhaler le soufre nécessaire à sa crédibilité et sa consistance. Pas d'image, car c'est bien dans l'ombre, n'est-ce pas, que se tirent les ficelles… Pas d'image, mais une photographie… de l'opinion, un sondage, selon lequel une majorité de Français croient au complot anti-DSK. Du zoom au plan large, toujours une image. Sage comme une image?

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