Quel va être l'impact des événements dramatiques du Japon sur le nucléaire français? Alors que l'archipel, sous la menace d'une contamination radioactive de masse, n'en finit pas de compter ses morts, les déclarations rassurantes des élites contrastent avec les informations de plus en plus alarmantes des experts.
Mardi 17 mars, les scientifiques n'hésitaient plus à parler d'une catastrophe très proche de celle de Tchernobyl. Mais au gouvernement, comme chez Areva, dont le titre plonge en Bourse, l'heure est à la méthode Coué. «On va éviter la catastrophe nucléaire», a ainsi expliqué Anne Lauvergeon, présidente du groupe, au journal télévisé de France 2 lundi 16 mars.
Copie à revoir
D'autres, à l'instar d'Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, estiment que l'accident nucléaire japonais pourrait favoriser l'industrie française dont la sécurité est une marque de fabrique. Mais les analystes financiers sont moins optimistes: Areva pourrait connaître des retards de commandes.
Partout, critiques et interrogations pleuvent. Aux États-Unis, le développement dans le nucléaire est remis en cause tandis qu'en France, les antinucléaires souhaitent un large débat. Areva va devoir réaliser des exploits en communication, sans faire l'impasse, cette fois, sur les risques nucléaires. Et, certainement aussi, revoir sa copie. Son dernier film publicitaire à la gloire de l'énergie nucléaire, ludique et divertissant comme une superproduction à la Disney, devient difficilement recevable. Des jeunes y dansent dans un paysage verdoyant à deux pas d'une centrale. Loin de la triste réalité japonaise.