On reproche régulièrement aux journalistes d'entretenir une fâcheuse connivence avec les politiques. Ils ne sont pas les seuls. De longue date, les relations entre les cabinets ministériels et les agences de communication sont étroites, tel conseiller technique rejoignant telle agence, tel spécialiste du lobbying intégrant l'équipe de tel ministre. L'approche du remaniement ministériel va amplifier ce mouvement.
Les cyniques, de part et d'autre, n'ont aucun mal à justifier cela. Un spécialiste de la communication et du lobbying qui se retrouve dans un cabinet ministériel, c'est un homme dans la place. Et inversement. Avec la promesse d'un réseau de plus en plus étroitement tissé.
On doit à la vérité de remarquer que ces transferts ont lieu principalement entre les ministères et deux groupes français : Havas et Publicis. Cela fournit de l'eau au moulin de ceux qui dénoncent un duopole qui mettrait le marché français en coupe réglée.
S'agissant des principaux marchés publics et des budgets de communication des grandes entreprises publiques, de nombreux dirigeants d'agences indépendantes ou filiales d'autres groupes qu'Havas et Publicis fustigent un jeu aux dés pipés.
Or, dans ce qui apparaît comme un singulier mélange des genres – le regretté Claude Chabrol aurait pu en faire son miel –, on vient de franchir une étape supplémentaire.
Ainsi Michel Bettan, très proche de Xavier Bertrand, dont il était dernièrement directeur de cabinet à la tête de l'UMP, vient-il d'être nommé responsable du réseau Worldwide Public Affairs d'Havas et – comme Stéphanie Prunier, jusqu'alors directrice de la communication du ministre de la Défense, Hervé Morin – «partner» chez Euro RSCG C&O au sein du pôle «Influence». Sic.