Bien sûr, le feuilleton dure depuis des lustres et peut lasser les plus accros. Mais le «pitch» est fantastique: va-t-on sauver la distribution de la presse française? Et l'opus que viennent de pondre ses scénaristes promet une nouvelle saison d'enfer. Son titre(selon une dépêche AFP du 27 mai): «La perspective d'un dépôt de bilan de Presstalis (ex-NMPP) est écartée.» Tous les ingrédients d'une bonne histoire sont réunis: un enjeu énorme (la distribution de la presse), des ego à l'avenant (Lagardère, les grands éditeurs, les pouvoirs publics, le syndicat du Livre) et ce qu'il faut de coups tordus.
Remise au pot
Ad nauseam? Il faut croire que oui: sous l'égide de Matignon, Lagardère, opérateur historique et actionnaire à 49% de Presstalis, a signé un accord avec les éditeurs qui, réunis en coopératives, détiennent 51% de la principale entreprise de messagerie de presse en France, lui évitant le dépôt de bilan. Lagardère va apporter 42,5 millions d'euros, les éditeurs et, surtout, l'État en étant aussi de leur poche. Cela permettra peut-être la modernisation de cette entreprise clé dans notre pays. Les petits éditeurs seront-ils les dindons de la farce? À suivre.
En toute hypothèse, c'est la fin d'une époque: le groupe Lagardère ne sera plus l'opérateur de Presstalis «dans l'année». Arnaud Lagardère se défait d'un actif supplémentaire de l'héritage paternel. Il souhaite, dit-on, n'être qu'un éditeur parmi d'autres. C'est oublier qu'il est propriétaire d'un autre réseau de distribution de presse, Relay.
Accusé il y a quelques semaines de bloquer une éventuelle sortie de crise, en estimant alors ne pas pouvoir participer aux besoins de financement nécessaires à Presstalis, il remet au pot en échange de son retrait. Certains paient pour voir, d'autres en ont peut-être assez vu.