Jean-François Leroy est de ceux qui ne renoncent pas. Présentant récemment la 22e édition du festival Visa pour l'image, qui aura lieu à Perpignan du 30 août au 5 septembre, il s'est élevé avec force contre le recours excessif aux logiciels de retouche qui dénaturent l'authenticité des images.

«L'overphotoshopping» – l'utilisation excessive et abusive du logiciel Photoshop – «travestit, déforme de plus en plus la réalité», a-t-il dénoncé. «Ce qui aurait dû être une simple aide est devenu un passage obligé. (...) On accentue à l'excès, on dramatise les nuages, on joue avec les couleurs. Et la réalité dans tout ça?» Et d'avertir que désormais, les organisateurs de cet important festival de photojournalisme «exigeront les fichiers numériques originaux» avant d'exposer les images.

À croire en effet, comme il s'en alarme, que «certains photographes ne se rendent pas compte qu'ils se tirent une balle dans le pied quand leurs photos sont plus éclatantes que la page de publicité qui côtoie leurs images».

Quand les images d'actualité ou les couvertures des magazines féminins se confondent avec la publicité dans une sorte de quête de pureté esthétique, le photojournalisme, le journalisme tout simplement, se perd.

Certes, comme l'a souligné le célèbre photographe de publicité Oliviero Toscani, en marge de l'exposition Controverses. Justice, éthique et photographie, qui se tient à Vienne (Autriche) jusqu'au 20 juin, «la manipulation fait partie de la réalité». C'est toutefois oublier ceci: démonter les mécanismes de la manipulation n'est sans doute pas l'affaire du publicitaire, mais c'est bien celle du journaliste.

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