Faites l'exercice, consultez un programme télé : c'est fou la place qu'occupent les jeux dans les grilles des chaînes. Le phénomène n'est pas nouveau, certes, mais il gagne du terrain. Nagui n'est-il pas l'animateur préféré des Français, selon la dernière vague du baromètre Animat OMG-Stratégies? Avant lui, c'était Jean-Luc Reichmann. Leur point commun ? Devinez… Mais le jeu ne se limite pas à la télévision, c'est aussi un pilier des radios et une mine pour les journaux, des mots croisés aux quiz en tous genres. Quant au Web, on le croirait inventé pour assouvir cette passion humaine (lire notre dossier page 30).
On n'a encore rien vu. La Coupe du monde de football va servir de rampe de lancement aux paris sportifs en ligne et, plus largement, aux jeux d'argent et de hasard, un secteur officiellement ouvert à la concurrence depuis le 6 avril dernier. Cela va donner lieu à un «blitzkrieg» publicitaire, à l'instar de ce qu'on a connu ces dernières années avec les renseignements téléphoniques. Diverses études chiffrent en centaines de millions d'euros sur trois ans les investissements publicitaires de ce secteur. On comprend que les médias et les régies publicitaires aient des euros plein les yeux.
Mais gare, le jeu est dangereux ! Les opérateurs de site de paris en ligne devront insérer un avertissement dans leurs publicités. Missionné sur le sujet, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) propose ceci : «Endettement, isolement, dépendance : jouer comporte des risques.» Revoilà le principe de précaution… Pas franchement vendeur. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel, lui, va encadrer et limiter, plutôt sévèrement, la diffusion desdites publicités. Comme pour l'alcool et la cigarette, deux industries «dangereuses» qui remplissent les caisses d'un Etat de plus en plus schizophrène.