L’intelligence artificielle de demain sera celle des usages et non des socles technologiques. Si les Gafam ont posé la première pierre, d’autres acteurs peuvent contribuer à la disruption en cours.

« L’intelligence artificielle est la première innovation de rupture se produisant dans un paysage où les entreprises déjà les plus puissantes contrôlent les capacités pour la développer », s’inquiète (à juste titre) Benoît Cœuré, président de l’Autorité de la concurrence. Les Gafam ont effectivement gagné le premier round de l’intelligence artificielle (IA) : ils disposaient de la puissance de calcul nécessaire à l’entraînement des réseaux neuronaux et des jeux de données gigantesques nécessaires à la création de leurs modèles.

Peut-on considérer que les Gafam ont définitivement plié le match et qu’ils seront incontournables pour tous les usages possibles de l’IA ? Nous pensons que non, ils ont simplement posé la première pierre : le socle technologique. Mais ils ont à peine commencé à construire des outils sur cette fondation : des chatbots. Préempter le socle ne sera ni une condition suffisante ni une condition nécessaire pour préempter son usage même si OpenAI entretient (sciemment?) une confusion entre son chatbot (ChatGPT) et son modèle (ChatGPT 4o). Subtil, non ?

Mais de la même façon qu’internet est devenu Internet avec le web, l’IA de demain sera celle des usages et non des socles, OpenAI sera relégué au second plan par « DoSomethingUsefulWithAI ». Les entreprises leaders de l’IA le pressentent et ont lancé des outils comme les « GPTs », versions légèrement customisées de ChatGPT pour des besoins simples, ou, des versions beaucoup plus poussées, comme « Claude » d’Anthropic, qui se propose de prendre le contrôle de nos ordinateurs pour écrire directement un document dans Word ou remplir un tableau Google Sheet.

Mais quel pourra être le cadre des usages des IA demain ? Ils ne seront d’abord ontologiquement des usages que s’ils nous déchargent de certaines de nos charges sans nous déposséder de notre souveraineté, ils devront nous assister sans se substituer à nous, nous être utiles sans nous utiliser ou utiliser nos données. Bref, ils devront être des commodités parmi d’autres, au même titre qu’une base de données, un serveur Web ou un CRM.

Langue moderne

Et nous allons donc assister pour cette nouvelle technologie à un déploiement classique. D’abord, un socle, déjà largement en place ; suivi des frameworks applicatifs qui vont permettre de faire fonctionner plusieurs IA en même temps et de les hybrider avec d’autres technologies « classiques ». Puis viendra enfin le temps des usages. Quels pourraient être les usages de demain ? Nous imaginons d’abord des interfaces hommes/machines qui s’abstrairont des carcans traditionnels des objets (clavier/souris) et des langues pour nous permettre d’exprimer oralement nos besoins, une IA se chargeant de produire une transcription texte, une autre identifiant la langue, des outils classiques de requêtage de base de données adossés à un LLM se chargeant ensuite de formaliser des réponses dédiées et spécifiques à l’utilisateur dans sa langue natale.

Nous anticipons un très fort impact sur les interfaces utilisateurs avec une puissante désintermédiation s’opérant entre éditeur et lecteurs. Un monde où le contenu se consulte aussi bien sur une page de site que sur un chatbot d’IA que sur une requête vocale. Nous nous attendons à une révolution babélienne dans les outils de saisie de contenus : les back-offices se verront dotés d’outils permettant des déclinaisons linguistiques des contenus d’un site, dans le respect de la charte éditoriale.

En tant que dirigeants d’agence, il nous semble opportun d’accompagner toutes ces évolutions en apportant des contributions via des outils d’hybridation d’IA qui respecteront la confidentialité et la souveraineté des données en étant aussi sobres que possible d’un point de vue énergétique.

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