Comme les intermittents du spectacle, les auteur.es et le monde de l'écrit pourraient avoir un statut à la hauteur de ce qu'ils représentent pour la culture française.

Mon projet de loi sur le statut d'intermittents de l'écrit est pris très au sérieux par plusieurs député.es avec qui j'ai pu échanger. L'une d'entre elles a officiellement adressé une lettre à la ministre de la Culture afin lui proposer cette loi. Elle lui demande également de me recevoir afin d'en discuter concrètement.

C'est la première étape, de courtoisie, afin de ne pas marcher sur les plates-bandes de la ministre de la Culture mais au contraire de lui montrer la voix afin qu'elle adhère à la création de ce statut audacieux et visionnaire et afin que cette loi soit portée non seulement par des député.es mais par le gouvernement. Quant à la société, je suis sûr qu'elle sera au rendez-vous.

Une seconde étape, si la ministre de la Culture ne montre aucun intérêt (aucune vision) et ne répond pas présent, c'est d'inscrire ce projet de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. A suivre donc. Il n'y a aucun autre projet de loi autour de la culture aussi crucial que celui-ci, une loi qui va de soi, logique et sensée, et elle marquera une époque. Une révolution culturelle.

Depuis la loi du prix unique du livre en 1981, il n'y a eu aucun projet de loi dans le domaine de la culture crucial. Cette loi verra le jour, que ce soit avec ce gouvernement ou un autre. Il y a des milliers de personnes qui oeuvrent dans l'ombre pour la culture, et ici en l'occcurence la littérature, et ne sont pas pris en compte.

Chemin escarpé

Le statut d'intermittents du spectacle n'a pas vu le jour en un jour, le statut d'intermittents de l'écrit empruntera le même chemin escarpé et accidenté mais verra le jour au bout du tunnel. Ce sujet est un sujet politique et sociétal essentiel dont personne ne parle, comme si les auteur.es ne devaient pas manifester, faire de vagues, comme si on ne devait pas parler de leur condition, de leur quotidien, alors qu'on les met sur un piédestal. Si les auteur.es ne demandent rien, par eux-mêmes, ils n'auront rien !

Les auteur.es doivent avoir un second emploi alors qu'écrire est une vocation, un métier en soi, contrairement aux intermittents du spectacle qui se concentrent sur leur seul et unique métier, car ils ont un revenu minimum mensuel garanti. De nombreux auteur.es sont au RSA (comme les agriculteurs) et donc, bientôt, on leur demandera d'aller faire 15 heures... Donc autant leur créer un statut d'intermittents de l'écrit avec un minimum garanti mensuel, et par ce biais, leur apporter une reconnaissance.

De nombreux auteur.es vivent à crédit, empruntent ici et là - crédit à la consommation, crédit renouvelable - pour joindre les deux bouts, ils s'endettent... De nombreux auteur.es sont obligé.es de travailler par intermittence (quand ils trouvent du travail) dans d'autres domaines qui n'ont rien à voir avec l'écrit et les livres. Pourtant, les auteur.es font vivre de nombreux salariés de l'édition, bibliothèques, librairie, diffusion, distribution, imprimeurs, producteurs, cinémas, journalistes... Si demain il n'y a plus de livres, de nombreuses personnes se retrouveront au chômage.

Joie, culture, éducation et esprit critique

Les auteur.es, via leurs écrits, génèrent des capitaux financiers conséquents dans l'économie française. Ils et elles font partie du patrimoine culturel français et génèrent beaucoup de joie, de culture, d'éducation et d'esprit critique auprès des familles, enfants, adultes, lecteurs, lectrices..., qui empruntent leurs livres en bibliothèque et les achètent en librairie ou en ligne. Les auteur.es sont célébré.es au Salon du livre, dans la presse et ailleurs, mais on ne se préoccupe pas de leur quotidien. Il n'y a aucune reconnaissance ni soutien réel pour les auteurs caché.es sous le tapis culturel et sociétal. Bref, personne ne réalise et personne n'est informé à ce sujet. 

J'entends déjà les mauvaises langues parler du déficit et de la dette de la France. Pourtant, si l'on a pu créer le statut d'intermittents du spectacle, on pourra créer le statut d'intermittents de l'écrit, qui en soi ne sera pas très onéreux. D'ailleurs, le RSA des nombreux auteur.es qui ne le toucheraient donc plus, et bénéficieraient à la place de ce statut, viendrait en quelque sorte équilibrer la création du statut.

Mais quoiqu'il en soit, pour le domaine de la culture, on ne devrait pas compter ! Cette loi, dont le statut protègerait les auteur.es au sens large mais aussi tous les métiers indépendants de l'écrit, du livre et de l'édition, comme les traducteurs littéraires, correcteurs et illustrateurs qui travaillent avec des éditeurs, serait une grande justice sociale, une reconnaissance du travail accompli et de l'importance du rôle joué par les auteur.es dans le paysage culturel français. Et ce serait une première européenne et mondiale.

Cette loi devrait être votée à l'unanimité par tous les député.es, peu importe leur bord politique. Vous imaginez la portée symbolique et politique de cette loi ! Ce serait une opportunité pour remettre le social au cœur du sujet sociétal. J'ai donc entamé la discussion avec des député.es et j'avoue avoir été surpris agréablement de leur accueil (rapide de sucroît) et de leur intérêt. Pour ces député.es, il va donc également de soi que cette loi doit voir le jour. La discussion va donc se poursuivre. Et je me tiens à disposition d'une rencontre avec la ministre de la Culture. Il est temps de créer ce statut d'intermittents de l'écrit.

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