TRIBUNE

Face à la vague de contenus sans grande valeur ajoutée que pourrait générer l'IA et au coût colossal de l'indexation, Google a opéré un tour de vis important dans les contenus qu'il référence.

Google a décidé de faire le grand ménage dans les contenus inutiles. Pour ce faire, le moteur californien introduit, comme chaque fois, des « filtres » dans l’algorithme qui défavorisent lesdits contenus. Ils sont ainsi moins bien indexés et chutent dans les profondeurs du moteur. Pour les sites qui les éditent, cela signifie moins de visibilité, de trafic et de business. Ils ont donc intérêt à modifier ou supprimer ces contenus.

Les filtres Panda ou Pingouin étaient déjà venus contingenter les contenus et les liens litigieux. Mais cette fois, il y a des changements d’orientation notables dans la démarche de Google. D’abord, la concomitance de deux updates lourds ; c’est peu courant. En général, Google échelonne les changements pour éviter de bouleverser massivement les résultats. Le nouveau « Core Update » installe pour de bon le « Helpfull Content Udate » et Google introduit un « Spam Update » assez tranchant.

Google privilégie ainsi les contenus qui amènent une valeur à l’utilisateur aux dépens de ceux trop descriptifs. Exemple : sur deux fiches produit décrivant des baskets, celle qui dit « la basket a un bon amorti et est bien adaptée à la course en montagne » passera devant celle qui dit seulement « semelle caoutchouc, tige cuir ». Quant au « Spam Update », il vise le « Parasite SEO », qui regroupe quelques pratiques malhonnêtes : rachat des domaines expirés, usurpation de notoriété… Les « arnaqueurs » ont deux mois pour corriger le tir.

Ensuite, la communication de Google à destination des référenceurs est forte. On constate même des pénalités manuelles, ce qui est rare et indique clairement que Google ne plaisante pas.

Le problème de la production de masse

Enfin, le focus de ces actions est intéressant. Dans ses dernières modifications, Google insistait beaucoup sur sa capacité à détecter les contenus inutiles produits en masse – conçus ou pas par des IA – et le fait que ces contenus « manipulaient » artificiellement les résultats de recherche. Là, le discours change. Ce qui motive le déclassement d’un contenu, c’est qu’il soit inutile pour l’internaute. Peu importe comment il est produit (peut-être parce que la détection des contenus IA ne s’est pas avérée simple), l’unique problème, c’est la production en masse. Google veut réduire de 40% la place de ces contenus à faible utilité dans les résultats.

Dernier point, l’utilité et la qualité du document seront évaluées au niveau de la page mais la pénalisation impactera tout le site ; une bonne manière d’inciter les sites à faire le ménage. Google prend le retour d’un boomerang qu’il a sculpté lui-même. Depuis 25 ans, les règles d’indexation incitent à une production massive de contenu mais cela coûte une fortune et consomme des ressources pléthoriques. L’équation économique est de plus en plus intenable et depuis quelques années déjà, Google n’indexe plus l’entièreté du web.

L’autre conséquence est que ces contenus inintéressants noient de plus en plus les résultats pertinents. Le business de la publicité payante de Google repose sur le fait que les internautes trouvent ce qu’ils cherchent quand ils formulent une requête. La qualité des résultats est donc primordiale. À l’heure où ChatGPT et Copilot proposent à chacun de lui ramener le bon résultat sans effort, il est vital pour Google de ne pas laisser l’expérience de recherche se dégrader. Il en va de la survie du modèle.

Un grand coup de balai s’impose donc pour assainir l’écosystème car l’irruption des IA génératives va intensifier la production de ces contenus. L’indexation représente un coût colossal ; la recherche des internautes est la poule aux œufs d’or. Il serait malvenu pour Google de conserver la charge de l’indexation mais que les poules aillent pondre ailleurs !

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