TRIBUNE

Pour attirer les talents et limiter le turnover, beaucoup d'entreprises de la tech surenchérissent. Et si la solution venait de leviers managériaux, comme le « care management » ? Manager avec plus de tendresse n’est pas incompatible avec un haut niveau d’exigence, bien au contraire.

La problématique de la gestion des talents dans le secteur de la tech ne date pas d’aujourd’hui. En 2019, 71% des start-up interrogées par EY indiquaient la difficulté de recrutement comme premier frein à leur croissance. Selon l’Institut Montaigne, sur les 945 000 emplois disponibles dans le secteur du numérique en 2022, près de 10% n’ont pas été pourvus.

En parallèle, l’arrivée des millennials puis de la Gen Z a encouragé les entreprises à tester de nouvelles méthodes de management. Ces profils, qui représenteront la moitié des talents de la tech en 2025, attendent beaucoup de leurs employeurs : apprentissage continu, flexibilité, autonomie, hyper-personnalisation du management... Si ces conditions ne sont pas remplies, ils n’hésitent pas à s’essayer au « job hopping », qui consiste à changer d’entreprise tous les 18 mois environ.

Les dirigeants doivent donc créer un environnement de travail permettant l’épanouissement de l’ensemble de leurs collaborateurs et collaboratrices. Ces dernières se font encore trop rares dans le secteur de la tech alors que la durabilité d’une équipe repose – notamment – sur sa diversité de profils, d’opinions, de cultures, de caractères et de genres.

(Re)faire plus de place aux femmes

Le rôle des femmes en tant que pionnières dans la tech est aujourd'hui largement méconnu. Les noms d’Ada Lovelace (pionnière de la science informatique), de Grace Hopper (conceptrice du premier compilateur en 1951) ou de Hedy Lamarr (à l'origine de l'un des principes fondateurs du wifi) ont été oubliés sur les étagères de l’histoire.

Dans son rapport de novembre 2023, le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes indique que seulement 29% des effectifs du secteur du numérique en France étaient des femmes, dont 22% seulement à des postes de direction. Cette sous-représentation crée un cercle vicieux : seulement 37% des jeunes femmes scolarisées en France envisagent de s’orienter vers une école d’informatique ou d’ingénieur, contre 66% des garçons.

Le secteur aurait tout à gagner à renouer avec la diversité de son passé. À en croire une étude de la Commission européenne, si les femmes occupaient autant de postes que les hommes dans le monde du numérique, le PIB européen augmenterait d’environ 9 milliards d’euros par an. Rien qu’en France, la parité dans le numérique générerait 10% de PIB supplémentaire d’ici à 2025, selon une étude de McKinsey.

Le travail, c’est la tendresse

Selon les neuroscientifiques, un hug stimulerait la production d’ocytocine, un neurotransmetteur augmentant le sentiment de satisfaction et réduisant l'anxiété et le stress. Le management par le « care » (en français, le fait de prendre soin, de se soucier) ambitionne de reproduire cet effet au travail en manageant avec plus de bienveillance, plus de tendresse. Cela permet aux collaborateurs de se sentir compris, écoutés, valorisés et soutenus. Avec pour résultat un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, ainsi qu’un engagement plus positif.

Loin d’être naïf, ce type de management est synonyme de performance. Selon l'étude de Kim Cameron et Carlos Mora, Effects of Positive Practices on Organizational Effectiveness (2011), les collaborateurs en bénéficiant sont deux fois moins malades, six fois moins absents, neuf fois plus loyaux, 31 % plus productifs et 55 % plus créatifs.

Dans le secteur de la tech, opter pour un management tourné vers l’humain permettrait de diminuer la volatilité des talents et de favoriser une croissance sereine des entreprises. Comme disait Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix : « Le succès n'est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez. »

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