Imaginez un monde où chaque message toucherait sa cible avec une précision chirurgicale. C'est une réalité imminente que l'intelligence artificielle nous promet, en même temps qu’elle réinvente le rôle des communicants.
ChatGPT a ouvert la voix de l’IA générative, la faisant entrer de plein pied dans notre quotidien. Les communicants sont les premiers concernés par cette révolution, qui permet de produire du langage humain à partir d’une intention : le fameux « prompt ». On ne parle pas ici d'un gadget de plus à ajouter à la longue liste des must-have des services de communication. Non, l'IA est le tremplin vers une communication interne réellement personnalisée, dynamique et percutante.
Fini le temps où l’on diffusait la même info indigeste à tout le monde. Avec l'intelligence artificielle, chaque groupe d’employés reçoit le contenu adapté à ses besoins, ses intérêts et son rôle dans l'entreprise. C'est la fin de l'ère du « one-size-fits-all » en communication.
En à peine un an, cette technologie a révolutionné notre façon d’appréhender la création, qu’elle soit textuelle ou graphique. Désormais, en quelques prompts bien travaillés, une minute suffit pour générer une page de vente transformative, rédiger un emailing impactant, préciser le calendrier éditorial de son blog ou de son intranet, produire des fiches produits optimisées SEO à la demande...
Grâce à cette technologie, on peut concevoir des FAQ dynamiques pour le service client, effectuer des traductions en temps réels ou encore concevoir des chatbots intelligents pour répondre de façon instantanée aux questions des collaborateurs, à tout moment. Les applications sont multiples. On peut donc démultiplier les messages aux différentes cibles et ce avec le même taux d’effort qu’avant. C’est vertigineux.
Le scepticisme des communicants, une méfiance à surmonter
Face à cette révolution, je vois deux attitudes qui s’opposent : d’un côté, des communicants qui se forment et apprennent à intégrer l’IA dans leur pratique quotidienne ; de l’autre côté, les sceptiques, qui n’y voient qu’une menace à leur savoir-faire, doutant qu’une machine puisse égaler la finesse de l’expertise humaine. Cette méfiance, bien qu’elle soit compréhensible, sous-estime la capacité de l'IA à compléter et à enrichir le travail du communicant, non pas à le remplacer. Ma conviction est que cette technologie n’est plus un choix, elle va s’imposer et mieux vaudra la maîtriser pour durer.
D’autant que les premiers jets produits par l'IA requièrent une relecture et des amendements pour atteindre un niveau de qualité optimal. C’est également l’expertise métier de celui qui prompte qui va assurer le bon résultat. Cela nous rappelle que cette technologie, aussi avancée soit-elle, reste un outil dans les mains de l’humain, un moyen et non une fin en soi. Elle nécessite notre compréhension, notre sensibilité pour parfaire son efficacité.
Il serait naïf de croire que l’IA est la solution miracle et sans faille. Des craintes légitimes existent : évolution des emplois, protection des données, biais des algorithmes... Ce sont des défis réels, mais pas insurmontables. L'important, c'est de les reconnaître, de les adresser et de naviguer dans ce nouvel univers avec éthique et transparence. C’est pourquoi les communicants n’ont pas le choix, ils doivent non seulement monter dans le train de l’IA, mais aussi choisir leur destination.
Vers un rôle d’éducateur et de régulateur
Un aspect souvent sous-estimé de l’IA est sa capacité à donner la parole aux salariés. Même ceux qui ne maîtrisent pas l'art de la rédaction peuvent produire du contenu de qualité. Cette technologie ouvre ainsi les portes de la communication interne à tous, permettant à chacun de partager son expertise, d’enrichir l'intranet de l’entreprise de leurs connaissances et perspectives.
Face à ces nouveautés, la communication interne doit endosser un rôle d'éducateur et de régulateur. Les collaborateurs doivent être formés, sensibilisés aux biais de l’IA, à l’importance de la fiabilité des informations. Il devient essentiel de mettre en place une gouvernance des données solide, avec des règles claires pour garantir que l’information parvienne correctement à sa cible.
L'un des grands défis est, notamment, de veiller à ce que les messages générés par l’IA soient en phase avec les valeurs, la charte de l'entreprise et sa manière de communiquer. Il incombe aux communicants de s’assurer qu’elle ne dévie pas de ces principes fondamentaux. Pour cela, une compréhension profonde de l'IA, de ses capacités et de ses limites est cruciale.
L'IA va continuer à se sophistiquer, offrant des possibilités de personnalisation et d'analyse toujours plus poussées. Les communicants n’ont pas fini de voir leur métier se transformer et ils doivent s’y préparer, afin que cela soit uniquement, pour le meilleur.