Et si les marques se saisissaient de cette tendance de certains influenceurs à faire des préoccupations des Français leur cheval de bataille ?
Les professionnels de la communication ne sont plus en reste face à la société qui évolue. Cette année aura été riche pour le monde de l’influence, allant des écoles qui forment leurs étudiants à devenir influenceur au métier davantage encadré qu’est celui de créateur de contenu. Un contexte si étroitement lié aux consommateurs, qu’il met en lumière désormais son opposé, lui qui se joue de la désinformation et des tendances : le désinfluenceur. Pour quelles raisons les marques devraient-elles s’intéresser à ces profils hors normes ? Et qu’est-ce qui fait d’un influenceur un désinfluenceur au service de la société ?
Ce qui me semble le plus important dans ce questionnement, c’est la société. Une société multiple, de plus en plus engagée, qui demande à être écoutée, comprise et représentée. Le domaine de l’influence répond à ces revendications, on a pu le constater avec des causes issues des réseaux sociaux : Black Lives Matter, Me Too et Je suis Charlie. Selon Google Trends, l’année dernière, on peut retrouver les sujets sur l’OTAN, l’incendie en Gironde et la variole du singe en tendance dans la rubrique actualité. Cette seule donnée suffit à démontrer à quel point les Français sont inquiets pour leur avenir.
Voici la raison d’être des désinfluenceurs : entendre ces craintes, ces peurs et ces préoccupations, pour en faire leur cheval de bataille. Et c’est ici que réside tout l’intérêt pour les agences de communication, d’influence et de relations presse : pouvoir contrôler un bad buzz et rallier une communauté autour d’un produit. En quelques mots, anticiper une communication de crise.
Nonobstant, les mauvaises habitudes de ces secteurs sont à bannir au plus vite auprès de ces nouveaux acteurs. Abandonnés sont les jours où les marques exigeaient des publications ou des stories sur les réseaux sociaux en échange de leurs produits. Révolus sont les délais impossibles qui exigeaient la création de contenu en seulement sept jours maximum. Disparue est l'impunité dont certaines marques bénéficiaient en imposant leurs conditions sous le prétexte de fournir un produit, tout cela dans le but de satisfaire leurs objectifs marketing. Ce qui nous est demandé pour les années à venir, c’est de jouer le jeu de la transparence.
À titre d'illustration, prenons le secteur de la beauté, un domaine où les marques ont parfois recours à des pratiques non transparentes concernant leurs produits, leurs formulations, et collaborent avec des influenceurs impliqués dans des opérations de dropshipping. Avec ses 196 000 abonnés sur Instagram et 600 000 abonnés sur TikTok, le créateur de contenu @amoudax, lui, sort du lot. Il suffit de jeter un œil à son contenu, des interactions pouvant aller jusqu’à plus de 400 commentaires sur des sujets comme le dermaplaning, cette tendance qui consiste à se raser le visage pour une meilleure absorption des produits de beauté, tout droit venue des États-Unis.
Taux d’engagement plus élevé
Fournir des informations, des chiffres, des enquêtes internes, des vidéos, des rencontres privilégiées, des actions similaires à celles que l’on demande aux journalistes : les désinfluenceurs questionnent, interrogent. Aux marques de ne plus être frileuses et de se cacher derrière des secrets de fabrication, d’être ouvertes aux débats, d’écouter les retours clients, d’être en capacité de proposer une évolution pérenne pour un produit. J’ai pu constater qu’à travers ces actions, le taux d’engagement des désinfluenceurs est plus élevé de 20%, comparé à ceux qui ne promeuvent que des produits en dropshipping.
S’il ne devait en ressortir qu’une chose de ce plaidoyer que je tends à défendre, c’est que la sobriété dans la communication ne doit plus être qu’un simple concept. Les consommateurs d’informations, de snack contents attendent des professionnels un véritable engagement. Qu’ils se positionnent sur un sujet, qu’ils défendent des causes, qu’ils ne soient plus lisses. Alors, oui, selon un célèbre adage, tout ce qui ne se mesure pas n’a pas de valeur. Et si la valeur des choses aujourd’hui tenait à devenir immatérielle au profit d’une plus grande justice ? C’est en tout cas le raisonnement que je désire insuffler, vers une quête de sens