En étouffant la créativité au profit de la conformité, le système éducatif traditionnel marginalise de nombreux individus talentueux ne correspondant pas à ce moule. Ils peuvent pourtant être une bénédiction pour les agences.
Bavard, distrait, effacé, pas intéressé, agité... Ce sont autant d'appréciations qui ont parsemé les bulletins scolaires de ceux qui étaient considérés comme les « cancres ». Ces étiquettes, cependant, pourraient bien être les premières notes d'une symphonie de réussites futures ; signatures des prochains créateurs et maîtres des domaines qui explorent de nouveaux horizons.
L'éducation et son système traditionnel, composante cruciale de la société, ne conviennent pas nécessairement à tous les types de talents et de potentiels. Il est temps d'examiner comment ces individus, souvent dotés d'une créativité exceptionnelle, offrent un aperçu précieux de la nécessité de repenser notre perception désuète de la réussite.
La créativité, fruit du travail ou du génie ?
La créativité a longtemps été considérée comme une émanation du génie, une étincelle rare qui éclaire le destin de quelques élus. De manière étonnante, avec l'évolution du système éducatif français, en particulier dans le domaine de l'enseignement supérieur, une transformation s'opère. Les écoles spécialisées se multiplient et la créativité, autrefois perçue comme un don inné, se métamorphose en une discipline à part entière.
Cela devient particulièrement évident dans les écoles de communication et de publicité, où la créativité n'est plus seulement un trait personnel, mais est enseignée activement par des professeurs et des intervenants au travers d’un défi implicite et utopique : « observez à quel point ce que je vous enseigne est créatif afin de devenir tout aussi créatifs, donc ne reproduisez pas ce que je vous montre ». Le sacre de la disruptivité, où les veilles se voulant émancipatrices deviennent contraignantes car témoins de phénomènes de mode.
Cela n'a pas toujours été comme ça. Le système éducatif traditionnel a vu le jour à une époque où l'industrialisation et la standardisation étaient les piliers de la réussite, valorisant généralement des compétences spécifiques telles que la mémorisation et la résolution rapide de problèmes standardisés. Mais de nombreux individus talentueux ne correspondent pas à ce moule. Cette quête d'uniformité a eu pour conséquence d'étouffer la créativité au profit de la conformité. Même au sein des écoles de communication et de publicité, qui sont souvent considérées comme des bastions de créativité, il existe des pièges subtils de conformité, notamment dans l'utilisation futile de tendances.
Pour ces raisons, les « cancres », de par leur marginalisation, ont souvent été forcés de penser en dehors de la norme et de découvrir des voies nouvelles. Cette expérience d'adversité les arme d'une résilience exceptionnelle et d'une capacité à surmonter l’adversité. Les « cancres » créatifs ont appris à réécrire leur histoire en transformant les revers en tremplins. Leurs échecs sont les graines de leur réinvention, une étape vers leur ascension vers des sommets inattendus. C'est une bénédiction, aussi bien pour eux que pour les agences, en permettant à leur créativité de s'épanouir sans entrave, et sans jamais s'uniformiser.
Dans le monde de la publicité, il est évident que la créativité est un marqueur phare de la réussite. La publicité moderne ne consiste pas seulement à vendre un produit, mais à raconter une histoire qui n'existe pas encore. En réévaluant la signification de l'échec et en reconnaissant que la valeur d'un individu ne peut être réduite à des notes ou à des étiquettes, nous pouvons libérer le potentiel de ceux qui ont été marginalisés par le système éducatif et permettre à leurs talents uniques de briller.
Écoles, agences et annonceurs en quête d'une créativité aussi bien authentique que subtile, il est temps de donner la chance à celles et ceux qui ne brillent pas d'approbation sociale. Il est temps de recruter des cancres.