Médias

Claire Léost chez Prisma, Vincent Bolloré chez Lagardère et à Canal+, Roch-Olivier Maistre à l'Arcom, François Pellissier à TF1 ou encore Fabienne Pascaud à Télérama seront sur le devant de la scène cette année. On vous explique pourquoi.

Claire Léost, en mode projets

Racheté par Vivendi, Prisma Media compte désormais une capitaine pour embarquer dans ses projets les 1 200 salariés qui créent le plus grand paquebot de la presse magazine française (Capital, Voici, Femme Actuelle, Télé Loisirs…). Après avoir fait ses classes pendant dix-huit ans chez Lagardère devenu CMI France, Claire Léost souligne la transformation digitale du groupe. « Cette entreprise a une culture de la croissance et des résultats. Elle cherche sans cesse à innover », reconnaît-elle. L’érosion du print, qui représente encore les deux tiers du chiffre d’affaires, est compensée par la croissance du digital. En 2022, la présidente entend développer les verticales numériques de la SVOD, de la santé, de la tech et des placements. Elle veut développer les revenus B to C, en créant des abonnements payants aux sites premiums de Capital ou Géo, et le commerce en ligne via des recommandations de produits : « Après le rachat de Télé Z, qui a renforcé notre leadership sur le secteur de la presse télé, nous envisageons d’autres acquisitions. Nous avons des projets de lancement de magazines pour les femmes et pour la jeunesse, et dans le registre de la food et du people. Et nous développons des projets avec les autres filiales du groupe Vivendi dont Canal+, Editis ou Dailymotion, plateforme qui propose désormais les vidéos de Prisma Media ». Quid de l’intégration de Paris Match et du JDD après l’OPA de Vivendi sur Lagardère ? L’affaire est entre les mains des autorités de régulation.

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Vincent Bolloré, l’année de tous les départs

C’est en principe le 17 février 2022, pour le 200e anniversaire de l’entreprise familiale et avant ses 70 ans, que Vincent Bolloré doit céder les rênes de son groupe à ses enfants, Cyril et Yannick. Même si le père ne sera sans doute pas loin, le patron d’Havas et président du conseil de surveillance de Vivendi aura un groupe aux contours clairs, avec un Canal + en développement à l’international, un Universal en grande partie cédé pour 5,3 milliards d’euros et un Lagardère détenu à 45,1 % sur lequel une OPA sera lancée en février. C’est donc un empire qui se renforce dans les médias et l’édition en contrôlant Hachette, Europe 1, Paris Match et Le JDD après Prisma Media. Reste des questions : quid des actifs étrangers comme Prisa (9,9 %) et Telecom Italia (24 %) ? Vivendi a demandé au gouvernement espagnol de monter jusqu’à 29,9 % du propriétaire d’El Pais et il temporise en Italie où il pourrait accepter une scission de Telecom Italia (Tim) entre réseau et service si cela ne nuit pas à la valeur d’un actif pour lequel il a investi 4 milliards d’euros. Le fonds KKR a fait une offre, mais à 0,55 euro par action, elle ne reflète ni le prix d’achat (1,07) ni la valeur comptable (0,83). Dans ces conditions, Bolloré exclut de se désengager comme il l’a fait avec Mediaset. Enfin, côté Lagardère, une fusion Hachette-Editis n’est envisageable qu’à condition de respecter des remèdes qu’imposera Bruxelles. L’idée est de céder Editis ou de ne garder que les maisons les plus intéressantes. Mais officiellement, rien ne change dans le périmètre de Lagardère.

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Tous les chemins mènent à ROM

Ne dites plus « le CSA » mais l’Arcom. Depuis le 1er janvier, l’Autorité de régulation des communications audiovisuelles et numériques a repris à son compte les missions de régulation de l’audiovisuel et d’internet (infox, haine en ligne, supervision des plateformes en ligne…) mais aussi la protection des œuvres et la lutte contre le piratage de feu la Hadopi. Au total, 46 millions d’euros de budget, 355 collaborateurs, 9 membres (dont deux nouveaux : Denis Rapone et Laurence Pécaut-Rivolier) et trois nouvelles directions : « contenus », « droits d’auteur » après « plateformes en ligne ». Roch-Olivier Maistre, premier président de l’Arcom jusqu’à janvier 2025, est attendu sur de nombreux dossiers en 2022 : les projets de fusion TF1/M6 et de rachat d’Europe 1 par Vivendi sur lequel l’Arcom doit rendre un avis, le contrôle des nouvelles obligations des Netflix et consorts qui injecteront 250 à 300 millions d’euros dans la création française (orientée à 95 % vers la production patrimoniale) et bien sûr, suivi de la campagne électorale avec, depuis le 1er janvier, prise en compte du temps d’antenne en plus du temps de parole et « principe d’équité » (jusqu’au 27 mars). Concernant la concentration des médias, sur laquelle penche une commission d’enquête sénatoriale, l’ancien collaborateur à la loi de 1986 ne veut presque rien toucher, si ce n’est le plafond de 49 % pour les télés ou en imposant l’autosaisine de l’Arcom. Mais pas question de s’immiscer dans l’éditorial des chaînes d’info qui glissent vers l’opinion. Pour ROM, la liberté de communication l’emporte sur tout le reste.

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François Pellissier, à la manœuvre

2022 sera sportive pour TF1. Le groupe diffusera six grands événements cette année dont la Coupe du monde Qatar 2022, à partir de novembre, à travers les 28 meilleures affiches incluant la finale et tous les matchs des Bleus. Un rendez-vous dont François Pellissier, DGA business et sports, a été à la manœuvre pour négocier les droits. L’acquisition a été réalisée en 2015 en même temps que le Mondial 2018. Le dispositif éditorial est en construction. À noter que BeIn Sports assure la retransmission de tous les matchs, en payant. Au-delà du sport, François Pellissier aura aussi pour enjeu de renforcer les synergies publicitaires et éditoriales entre TF1 et Unify, pôle numérique du groupe, tandis que le projet de fusion avec M6 pourrait trouver une première réponse à l’été.

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Fabienne Pascaud, l’éminence grise de la culture

Entrée à Télérama en 1980, Fabienne Pascaud quittera la direction de l’hebdo en novembre 2022. Elle incarne l’âme d’un des magazines les plus rentables de la presse française avec plus de 9 millions d’euros de bénéfices en 2021. Elle a assuré son rayonnement, faisant mentir le cliché du « journal catho de gauche destiné aux enseignants » pour le transformer en un rendez-vous culturel et un lieu de débat sociétal incontournable. Éminence grise du spectacle vivant, Fabienne Pascaud laissera donc à son successeur un fleuron de la presse profitable malgré une baisse continue de sa diffusion. Neuvième hebdo payant le plus vendu en France avec 469 000 exemplaires payés en France dont 84 % d’abonnés individuels, Télérama attend encore une véritable transition digitale.

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