Tandis que se profile l’élection présidentielle, les chaînes TV trouvent de nouveaux usages au QR code qui se dessine une place dans le fact-checking des rédactions.
Les vaches françaises, nourries au soja brésilien ? C’est ce qu’affirmait l’écologiste Yannick Jadot le 8 septembre 2021, lors du premier débat de la primaire des Verts, diffusé sur LCI. Estimant que l’information méritait vérification, les journalistes de la chaîne ont montré, données des douanes à l’appui, que le candidat - qui parlait des bêtes issues des élevages industriels, auxquels il veut mettre fin - disait juste. Un fact-checking accessible aux téléspectateurs via un QR code affiché en bas à droite de leur écran TV. Et qui a porté, tour à tour, sur différentes déclarations des participants. Permettant de débusquer certaines erreurs…
Si le QR code est revenu en grâce depuis 2020, c’est que des usages inédits montent en puissance ces derniers mois, à commencer par la vérification de l’information. À plus forte raison dans la perspective de l’élection présidentielle, où les candidats viennent débattre en plateau, arguments contre arguments, et où il n’est pas toujours facile de les suivre. « Raccourcir le temps de la vérification tout en gardant la qualité constitue un vrai défi pour un média qui veut participer au débat public », ambitionne Olivier Ravanello, directeur adjoint de LCI en charge de l’information et de la stratégie digitale au sein du groupe TF1. La technologie est aujourd’hui réservée à des « événements exceptionnels » et son adoption monte en puissance, avec un passage de 50 000 à 100 000 plébiscites en une poignée d’émissions.
« Second écran ».
Si LCI s’y met - lors des deux débats de la primaire Verts puis lors d’une émission de Ruth Elkrief avec Éric Zemmour, fin septembre -, le service public aussi, tandis que la rédaction de M6 est plutôt en phase de mise en place. Ainsi, le QR code a été utilisé dans l’émission Élysée 2022 sur France 2 avec le même Zemmour, le 9 octobre. « Ce n’est pas seulement pour du fact-checking mais pour offrir un second écran », explique Célia Mériguet, directrice de Franceinfo édition numérique à France Télévisions. En regardant l’interview, les téléspectateurs pouvaient ouvrir un live Franceinfo pour obtenir des éléments de contexte, au-delà des faits. Pour les émissions suivantes, le dispositif devrait être enrichi : « à partir de janvier, nous allons inviter un pool d’experts extérieurs qui réagiront en fonction du débat », promet-elle.
Le service nécessite un travail de préparation et une logistique pour pouvoir apporter le plus vite possible la confirmation ou le démenti d’une information, en plus d’une réactivité des équipes de journalistes « vérificateurs » les soirs concernés. Sans compter la pédagogie à faire pour favoriser son adoption par les téléspectateurs.
Autre usage du QR code : donner accès à du contenu pas nécessairement exploité dans les sujets diffusés à l’antenne, comme des interviews en longueur sur le web, ce que TF1 a fait à l’occasion des 20 ans du 11-Septembre. Et, toujours, renforcer l’interactivité avec le public, par exemple dans le 20h de France 2 où, depuis avril 2020, il est possible de poser une question en flashant un code à l’écran. Le JT de TF1 permet, depuis décembre, de le faire en vidéo.
