Télévision

La chaîne payante est auditionnée le 30 juin pour une procédure de reconduction de son autorisation sur la TNT hors appel à candidatures.

Le 30 juin, lors de leur audition devant l’Arcom, les dirigeants de Canal+ auront du mal à entonner le refrain du « retenez-moi ou je fais un malheur ». Longtemps, ils ont mis en balance un régime fiscal concédé par l’État avec leur autorisation sur la TNT et les engagements dans le cinéma qui lui sont liés. En 2020, Maxime Saada, le patron de Canal+, avait même réclamé des « preuves d’amour » et considéré « le deal rompu » après un relèvement de son taux de TVA de 5,5% à 10%. Cela ne l’avait pas empêché de demander la reconduction pour trois ans de son autorisation TNT (et non pour dix ans comme le voulait l’appel à candidatures) mais sans doute avec l’idée que Canal+ avait vocation à se transformer en plateforme face à Netflix et consorts. Et donc, à renoncer, à terme, à son autorisation hertzienne.

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Mais alors que cette convention arrive à son terme en décembre 2023, la donne a changé. Sur le plan fiscal, le groupe a informé en juin ses abonnés à sa chaîne et à ses offres ciné-séries et sport que le taux applicable serait désormais de 20%, comme les plateformes, et non de 10%, ce qui entraînera une hausse de la facture de 20 à 22 euros par mois en moyenne, soit une augmentation de 10%. Curieusement, au lieu de ruer dans les brancards contre cette mesure générale d’alignement sur les offres de SVOD, le groupe reste silencieux face à Bercy, préférant sans doute une action discrète de lobbying.

Comment l’expliquer ? D’abord, par le fait que le groupe Canal va mieux, avec 9,05 millions d’abonnés en France en 2021 contre 8,45 millions en 2019, du fait de sa transformation en agrégateur de contenus (Netflix, Disney, BeIn…). « Il a réussi à pivoter d’éditeur à opérateur avec 75% de ses abonnés qui utilisent MyCanal », souligne Pascal Lechevallier, délégué général des éditeurs de vidéo à la demande. Ensuite, son nouvel accord avec le cinéma – dont il est partenaire officiel de la fête, pour la première année, du 3 au 6 juillet – lui assure pour trois ans une position privilégiée sur les films français : il dispose désormais d’une fenêtre d’exclusivité de neuf mois, et ce, six mois après la sortie en salle. C’est ce qui fait dire à Olivier Zegna Rata, délégué général du club Galilée, think tank sur l’audiovisuel, que « Canal+ a besoin de cet accord qui est lié de moins en moins au fait d’avoir une chaîne hertzienne et de plus en plus à la nécessité d’avoir un approvisionnement en films récents qui représente un avantage concurrentiel sur les autres ». D’autant que l’arrivée en 2023 de HBO Max rendra irremplaçable la maîtrise des droits du cinéma français (comme de la Ligue 1).

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Alors le groupe peut-il se passer de la TNT ? Sans doute, sauf qu’il perdrait la main sur près de 350 000 abonnés fidèles qui « rapportent le plus et coûtent le moins cher », comme dit Olivier Zegna Rata. « Ils sont prêts à payer 40 euros et ne réclament pas de rabais, pas de services supplémentaires, pas de migration, pas de campagnes de réabonnement… », ajoute-t-il. Des abonnés en or qui, bien que décroissants, échappent à la pression qui monte sur les plateformes aux États-Unis autour du taux de désabonnement (« churn ») passé de 15% à 40-45%. 

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