Le Mipcom, marché des programmes audiovisuels, a le 22 octobre remis ses Trophées diversité et inclusivité. L’occasion de s’interroger sur la représentation du handicap à l’écran.

Adam Pearson, acteur au visage totalement déformé par la maladie, a salué l’avènement de « personnes handicapées puissantes » en récompensant le 22 octobre la saison 2 de la série Lycée Toulouse-Lautrec, lors du Mipcom, rendez-vous mondial de l’audiovisuel qui se tient du 21 au 24 octobre à Cannes.

Ce programme français diffusé par TF1, produit et distribué par Federation Studios - sous le titre One of us pour le reste du monde - a reçu le prix de la représentation du handicap dans une fiction aux Trophées Diversité et inclusivité du Mipcom. Pour le volet documentaire de cette même catégorie, c’est Gigantene (ou The Giants/Les Géants), format norvégien sur une équipe nationale de football de personnes petite taille qui a été primé. La série Lycée Toulouse-Lautrec se déroule dans un lycée et mêle élèves en situation de handicap et camarades valides.

Le Mipcom a distingué une fiction avec des situations de handicap devant la caméra mais aussi en coulisses. « Tous les acteurs qui sont là sont des acteurs qui ont raconté leur histoire et c’est pour ça que c’est si exceptionnel et que ça fait une différence dingue, tout simplement », a commenté auprès de l’AFP Jean-Michel Ciszewski, directeur des opérations spéciales de Federation Studios. Lui-même en situation de handicap, le responsable est venu chercher cette récompense en s’appuyant sur des bâtons de marche.

Ecrire sur le handicap « sans expérience vécue » ?

Le Britannique Adam Pearson, héros du film A different Man et qui remettait les prix diversité et inclusivité au Mipcom, apprécie cette implication des personnes handicapées à toutes les étapes de projets. « Si je regarde un programme sur le handicap, je peux immédiatement dire si une voix de personne handicapée a été entendue hors écran », a confié l’acteur à l’AFP après la cérémonie. « Je ne sais pas pourquoi des personnes non handicapées écrivent sur le handicap sans consultation ni expérience vécue. Pour moi, cela n’a pas de sens logique ou créatif. De la même manière qu’on ne ferait pas appel à des voix de personnes non noires pour écrire des projets sur des personnages à la peau noire ».

« Nous étions aujourd’hui dans une salle pleine de personnes handicapées puissantes dans le domaine de la création. Et plus nous pourrons faire en sorte que des personnes comme elles soient présentes dans la salle pour discuter, s’impliquer et laisser leur talent s’exprimer, mieux ce secteur s’en portera », insiste-t-il. Adam Pearson se félicite aussi du niveau général des nominés dans les différentes catégories diversité et inclusivité (outre le handicap, représentation raciale et ethnicité, des communautés LGBTQIA +, etc). « D’année en année, nous recevons de plus en plus de candidatures et la qualité est de plus en plus élevée. Et les histoires sont de mieux en mieux racontées. C’est un plaisir à voir ».

« C’est une bonne chose car cela signifie qu’il y a plus de pilotes (premiers épisodes d’une série) comme ça qui entrent dans l’industrie audiovisuelle, mais le travail de juré, comme le mien, devient beaucoup plus difficile », sourit-il. Quand on lui demande si le regard sur lui a changé depuis qu’il fait du cinéma, la réponse, tout en humour typiquement britannique, fuse. « J’ai toujours dit que les deux moyens les plus faciles de perdre son anonymat dans la société sont, soit d’être défiguré, soit de devenir célèbre. J’ai donc fait les deux. Maintenant, je n’ai plus aucun espoir de vivre une vie tranquille ».

Quand il se déplace en festival pour défendre A different Man, les commentaires, les réseaux sociaux, ne sont pas tous tendres avec sa malformation physique. « Je pense qu’il faut tout faire pour égaliser les chances, mais aussi pour entamer la conversation. Je me fiche de ce que les gens disent tant qu’ils parlent. Le bon sens fera le reste », philosophe celui qui travaille sur un documentaire et un livre, mais n’en dit pas plus.

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