Le réseau social TikTok tente « d'imposer au marché de la musique des conditions de rémunération encore dégradées » en cherchant à contourner l'un des principaux représentants des labels indépendants, s'est inquiété jeudi 4 octobre le principal syndicat des labels indépendants en France.

TikTok, spoliatrice du marché de la musique ? C'est ce que dénonce un syndicat indépendant. « Merlin, agence chargée de négocier les licences numériques de milliers de labels indépendants dans le monde, a indiqué que la négociation à venir d'un nouvel accord collectif avec TikTok avait été tuée dans l'oeuf par ce dernier », a déclaré dans un communiqué l'Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI), principale organisation professionnelle représentative d'une centaine de labels en France.

TikTok a « appelé les distributeurs et grands producteurs indépendants à signer en direct avec elle, sans passer par Merlin », a affirmé l'UPFI, alors que des négociations sur un accord pluri-annuel arrivent à échéance fin octobre. « Il est à craindre que les dirigeants de TikTok tentent d'imposer au marché de la musique des conditions de rémunération encore dégradées », a-t-elle dénoncé.

Refuser de signer un accord reviendrait pour un label à retirer son catalogue de musiques du réseau social le plus populaire au monde, devenu incontournable dans la promotion d'artistes qui l'utilisent pour toucher une audience large et jeune. « C'est une tentative de diviser la filière et les acteurs car le choix qui leur est laissé n'en est pas vraiment un », a estimé auprès de l'AFP Guilhem Cottet, directeur général de l'UPFI, regrettant « un bras de fer » inédit et déséquilibré.

Rémunération controversée

La question de la rémunération des productions musicales sur TikTok, propriété de l'entreprise chinoise ByteDance, est sujet à controverse: ses détracteurs lui reprochent de ne pas rétribuer les professionnels de la musique à hauteur de la valeur qu'ils lui rapportent. En mai, la maison de disque Universal Music Group (UMG) avait annoncé autoriser de nouveau l'utilisation et la diffusion de ses morceaux sur la plateforme, après un accord de licence mettant fin à trois mois de contentieux.

TikTok fait également partie des plateformes dans l'obligation de s'acquitter de la taxe streaming, mise en place cette année pour apporter de nouvelles ressources financières au Centre national de la musique (CNM). Le réseau social n'a pas versé sa part à ce stade, selon une source proche du dossier. Sollicité par l'AFP, TikTok France n'avait pas réagi dans l'immédiat.

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