L’animateur est revenu sur C8, le 2 septembre, après avoir fait sa rentrée en août à Europe 1. La question de l’avenir de son émission TPMP reste entière. Dans ou en dehors des chaînes de Canal+ ?
« Mon bébé, quel bonheur de te voir ! » Gérald-Brice Viret, le patron des antennes de Canal+, a chaudement embrassé l’animateur arrivé à moto depuis Europe 1, ce 2 septembre, pour la reprise de son émission culte, TPMP. Là, après avoir accueilli dans sa bande l’ex-chroniqueur économique de TF1 Jean-Marc Sylvestre, Cyril Hanouna a donné deux indications entre deux écrans de publicité de 22 spots au total. « Nous avons d’autres choix que la TNT », a-t-il d’abord chanté sur l’air de l’hymne à l’amour d’Édith Piaf, ajoutant « sans Arcom plus de problème », avant de conclure qu’il était victime de « harcèlement » de la part de l’institution, qu’il allait pour cela porter plainte et que « si on ne fait rien, TPMP pourrait disparaître en mars ».
Le trublion préparerait-il ses fans à une vie d’animateur sur internet, sur satellite ou chez les FAI, en dehors du spectre hertzien ? C’est une possibilité d’autant plus crédible qu’il n’entend pas renoncer à se faire le porte-parole d’une France « qui se délite » pour se cantonner à un rôle d’animateur de pur divertissement. Or le groupe Canal+, qui se refuse à tout commentaire, ne s’est pas empressé d’annoncer la poursuite de TPMP sur Canal+ ou CStar, après le refus de l’Arcom de renouveler la convention de C8. Il attend sans doute les motivations du régulateur pour saisir le Conseil d’État – ce qui l’engagerait dans une longue procédure.
Pour l’instant, donc, c’est « même pas mal ». On n’a jamais vu et entendu autant Cyril Hanouna qu’en cette rentrée 2024. Mais après le 28 février, date d’arrêt de l’autorisation de la chaîne ? Le déficit de C8 (-20 millions d'euros en 2023) rapporté à sa dette et aux amendes occasionnées par Cyril Hanouna (7,6 millions d’euros) peut faire réfléchir la direction. L’animateur a déjà coûté une fréquence alors même que, comme dit son patron Gérald-Brice Viret le 9 juin, « la puissance de C8 est indispensable pour la régie ». Il ne faudrait pas qu’il donne matière à d’autres sanctions…
Une image écornée
En outre, selon la chercheuse Claire Sécail, auteure de Touche pas à mon peuple (Seuil), « Cyril Hanouna voit sa zone d’influence se contracter, tout comme son image et son capital de notoriété ». En cause : son penchant vers l’extrême droite, dont témoignerait une photo d’un dîner avec Jordan Bardella le 12 juillet à Saint-Tropez, retenue par Mimi Marchand selon Mediapart. « C’est une image manquante dévastatrice, estime-t-elle, le voir endosser ces discours a changé le regard dans certaines catégories du public. Le contre-discours par rapport à l’animateur populaire prends du poids, on l’a vu avec “Hanouna dégage” après le second tour des législatives chez des gens qui ne se sont pas concertés pour cela. Les associations, les acteurs sociaux ont désormais bien compris le jeu qu’il joue. »
Quoi qu’il en soit, le discours droitiste – que l’on retrouve sur Europe 1 – vise à épouser une grille de lecture qui correspond aux attentes de l’actionnaire Vincent Bolloré. « Jusqu’en février, il va donner le maximum car il n’a rien à perdre », augure la chercheuse. Un signe : Canal +, après le rejet de l’Arcom, a remisé son idée de « time delay », proposée in extremis pour empêcher les dérapages en direct dans son dossier de candidature. Au menu : indignations, buzz et attention. Attention, sol glissant…