Point saillant du «Livre blanc de la radio», présenté par l’Arcom et approuvé par l’ensemble des acteurs du secteur, l’adoption d’une diffusion entièrement numérique est visée pour 2033.
Hervé Godechot, président du groupe de travail « Radio et audio numérique » de l’Arcom, a présenté le 18 juin un Livre blanc sur l’avenir de la radio, fruit d’un an de discussion avec les acteurs du secteur et d’une trentaine d’auditions. L’objectif : une transition de la FM vers le DAB+ avec une diffusion entièrement numérique possible en 2033, et donc la disparition de la FM. Une petite révolution pour les 1 100 radios françaises, les 9 000 fréquences en métropole et les 40 millions d’auditeurs quotidiens du média. Lors de la restitution de ce livre blanc devant les acteurs du secteur et de la presse, Hervé Godechot a plaidé pour une « approche pragmatique » et progressive. L’objectif est donc un passage de la diffusion hertzienne analogique traditionnelle (la FM) vers la diffusion numérique terrestre (DAB+) et l’écoute via internet (20 % actuellement contre 80 % pour le hertzien, selon l’Arcom).
Un enjeu pour les indépendantes
Ce changement est bien amorcé et permettra à nombre d’éditeurs d’éviter un double coût de diffusion (FM et DAB+), ajouté à la hausse des prix de l’énergie. Aujourd’hui, le DAB+ est accessible à 62,2 % de la population et à 70 % d’ici à fin 2024, sachant que 24,5 % des Français sont équipés d’un récepteur DAB+. Ce mode de réception présente l’avantage d’une qualité de son incomparable, d’une large palette d’offres, de la continuité du signal y compris sur les longues distances, d’un coût de diffusion inférieur à celui de la FM et d’une empreinte environnementale meilleure que tous les autres modes de réception. Reste donc à ce que le DAB+ couvre correctement le territoire.
L’Arcom travaille sur une meilleure granularité des allotissements locaux, un enjeu éditorial et publicitaire important pour les radios indépendantes et associatives notamment. « En Corse, détaille Hervé Godechot, nous avons finalement proposé non pas deux mais six allotissements locaux qui s’ajoutent aux deux allotissements étendus pour mieux couvrir l’île. » L’agrégateur Radioplayer veille à ce que les Français puissent recevoir le DAB+ dans leur voiture, sans que les éditeurs perdent leur souveraineté sur leurs flux. Enfin, côté équipement en postes de radio, l’Arcom fixe l’objectif de 70 % à fin 2033. L’association Ensemble pour le DAB+ travaille à faire connaître cette tech et Hervé Godechot propose qu’elle se transforme « en plateforme de pilotage ».
Le livre blanc propose une transition en deux phases : l’une de « préparation » entre 2024 et 2027, l’autre de « migration » entre 2028 et 2033. Le régulateur préconise notamment « d’adapter » les règles des quotas de 40 % de chansons francophones diffusées à la radio. Objectif : « réduire l’asymétrie » avec les nouveaux concurrents comme Spotify. Il préconise aussi l’allègement des mentions légales dans les publicités, des aides budgétaires de l’État pour les stations et l’équipement des communes. L’Arcom recommande l’adoption des règles relatives à la concentration de la radio. Et il propose que les fréquences FM abandonnées par des éditeurs qui choisissent le tout DAB+ soient désormais gelées et non plus réattribuées, pour ne pas nourrir un modèle sur deux jambes. Le média radio « est à la croisée des chemins », a conclu le président de l’Arcom, Roch-Olivier Maistre.