Dans un courrier interne, la présidente du groupe audiovisuel public, favorable au projet de fusion du gouvernement, juge «compréhensibles» les inquiétudes et tente de rassurer.
Favorable à la fusion de l'audiovisuel public voulue par le gouvernement, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, a assuré à ses salariés que cette réforme « ne se fer(ait) pas sans un haut niveau de dialogue social », selon un courrier envoyé le 5 juin et consulté par l'AFP. « Pour l'audiovisuel public, le temps est venu d'agir de concert », écrit Delphine Ernotte Cunci, jugeant « compréhensibles » les inquiétudes suscitées par ce projet, deux semaines après une grève de 48 heures dans l'ensemble des médias concernés (France Télé, Radio France, l'Ina et France Médias Monde).
« Sous les effets de la multiplication infinie de contenus, nous faisons face à une menace existentielle : celle de la dilution et de l'invisibilité de nos médias nationaux », justifie-t-elle. « A peine commençons-nous à mesurer les dégâts des réseaux sociaux sur notre espace public, que la révolution technologique de l'intelligence artificielle s'ouvre », poursuit Delphine Ernotte Cunci, évoquant une « guerre totale de l'information ».
« Je crois illusoire de penser que nous relèverons seuls ces défis immenses », déclare-t-elle, promouvant « l'alliance » des compétences pour conserver le « rang de 1er média et de 1ère source d'information des Français ». Mais ce rapprochement « ne se fera pas sans un haut niveau de dialogue social », continue Delphine Ernotte Cunci, faisant le parallèle avec France Télévisions, devenue une entreprise commune en 2010 après avoir été une holding à partir de 2000. Elle rappelle ainsi qu'il a fallu « 3 ans pour négocier un accord collectif » et « 15 ans pour créer une culture d'entreprise commune ».
« Ce projet n'aboutira donc qu'avec les salariés et avec la volonté d'améliorer les conditions de chacun », promet-elle. « Nul doute que nous aurons à réaliser des économies - c'est notre quotidien à tous depuis plus de 15 ans - mais en mutualisant nos dépenses, nous pourrons éviter des surcoûts et préserver nos missions », estime la dirigeante.
Porté par la ministre de la Culture Rachida Dati, le texte prévoyant une fusion de l'audiovisuel public sera examiné le 24 juin à l'Assemblée nationale. Rachida Dati prévoit une phase transitoire avec une holding commune au 1er janvier 2025, puis une fusion un an après. Quelque 16 000 salariés sont concernés.