Les médias testent aussi le métavers. Directeur des technologies et des systèmes d’information de France Télévisions, Frédéric Brochard explore les perspectives que ces univers virtuels ouvrent à son groupe.
Vous avez, début février, monté un studio de Stade 2 dans le métavers. Avec quels retours ?
Frédéric Brochard. Avec notre partenaire technique VRrOOm et sous l’impulsion de Vincent Nalpas, directeur de l’innovation, nous avons recréé un studio virtuel, dans un environnement montagneux, où les journalistes pouvaient interagir avec les participants, et les participants, échanger entre eux ou pratiquer virtuellement un sport, comme le bobsleigh. Le tout, à l’occasion des JO de Pékin. Les gens ont été attirés par les jeux et les échanges avec les journalistes. En revanche, nous avons constaté que si l’on ne créait pas l’animation, il y avait peu d’interactions entre les membres du public.
Avez-vous amorcé d’autres expérimentations ?
Nous avons plusieurs pistes. Des concerts avec des millions de personnes s’organisent dans Fortnite. Se pose la question de savoir ce qu’avec la chaîne Culturebox, nous pourrions faire en la matière. Autre piste : pour l’information. Laurent Guimier, directeur de l’info, pense que cela pourrait être un outil intéressant pour la transparence et la véracité. Nous pourrions inviter des personnes dans nos studios, pour participer à des débats, par exemple. Un groupe de travail se penche sur le sujet.
Comment aborderez-vous les choses, après ce premier test ?
En plus de la question de l’animation des publics, il faut aussi considérer l’aspect graphique. Les jeux vidéo proposent aux gens des univers ultra-réalistes. Il nous faut gagner sur ce volet.
Quelles perspectives s’ouvrent en termes d’événementiel, de contenus, de lien avec le public ?
Le métavers est un lieu de rencontres. Il permet un lien renouvelé avec le public. Au-delà de la culture et de l’information, il existe aussi des perspectives pour la fiction. La start-up Atlas V propose des fictions dans le virtuel. La fiction dans un univers immersif commence à exister. Je pense au spectacle de Blanca Li, Le Bal de Paris, qui se joue actuellement, où le spectateur peut, à l’aide d’un casque VR, interagir avec les gens qui sont dans la salle. Le métavers ouvre également des perspectives pour l’éducation. Il y aura des choses à faire avec Lumni. Beaucoup d’entreprises misent sur cet univers pour la formation de leurs salariés. Nous pourrions faire de même pour nos publics.
Comment finance-t-on le métavers ?
Nous avons financé la première expérimentation. Dans le cadre de France 2030, 200 millions d’euros sont réservés à des projets dans des univers immersifs. Quand il y aura des appels à candidatures, nous postulerons.
D’autres exemples, ailleurs que dans le groupe, vous inspirent ?
Dans le sport, il est possible d’aller encore plus loin, en permettant de vivre un événement dans le métavers. Des tests ont été faits aux États-Unis autour du basket. Des images de matchs ont été captées et les mouvements des joueurs, reproduits dans le métavers, quasiment en temps réel. Ainsi, demain, vous pourrez peut-être vous retrouver au milieu de la pelouse à côté de Mbappé qui marque le but. L’expérience pourrait avoir lieu en direct, et après le direct, pour revivre le match.