Juliette Quef, journaliste et directrice du média en ligne Vert, revient sur les grandes actualités de la semaine.
Les annonces de Gabriel Attal face au blocus routier et sa présence au contact des agriculteurs.
La stratégie de Gabriel Attal est de communiquer en montrant qu’il est proche des agriculteurs et présent sur le terrain. Difficile de ne pas noter qu’à quelques mois des élections européennes, le gouvernement a peur d’une récupération par l’extrême droite du mouvement. Quant aux mesures annoncées par le Premier ministre, elles semblent insuffisantes pour répondre à la colère des agriculteurs, qui sont une population aux profils très divers. Et ces annonces ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique car l’agriculture est en première ligne dans de ces problématiques. Nous sommes confrontés aux conséquences d’un système en bout de course qui fragilise les écosystèmes et ne rémunère pas à sa juste valeur les agriculteurs. Revaloriser le revenu des agriculteurs, comme l’a souligné le Haut Conseil sur le climat, c’est aussi soutenir des pratiques plus vertueuses et permettre le développement d’une agriculture climato-intelligente.
Rachida Dati, nouvelle ministre de la Culture, mise en cause par Libération pour ses liens avec l’Azerbaïdjan.
Déjà impliquée dans une affaire concernant ses conseils prodigués à une filiale de Renault Nissan pour un montant de 900 000 euros, Rachida Dati aurait eu des liens approfondis avec l’Azerbaïdjan, selon l’enquête de Libération. Elle aurait soutenu auprès du Parlement européen les intérêts de cette pétro-dictature qui produit aussi beaucoup de gaz. Rappelons que l’usage des énergies fossiles est responsable de 80% du réchauffement climatique. La priorité absolue est d’en sortir. Et la Cop 29 qui se tiendra fin 2024 en Azerbaïdjan sera présidée par Mukhtar Babayev, désormais ministre de l’Écologie du pays après avoir travaillé pendant vingt ans dans une compagnie pétrolière. Sans commentaire.
Les manifestes pro ou anti Sylvain Tesson ou Gérard Depardieu publiés dans la presse.
Les journaux et les médias sont un espace d’échange essentiel pour notre démocratie. La tribune soutenant Gérard Depardieu, mis en cause pour des violences sexistes ou sexuelles, m’a choquée. Sylvain Tesson a préfacé notamment un ouvrage de Jean Raspail dont les convictions politiques sont très à droite. Je trouve cela très intéressant qu’on ne sépare plus l’homme de l’artiste, même si je ne dis pas qu'on a raison. Dans un contexte où l’extrême droite est aux portes du pouvoir, cette nomination comme parrain du Printemps des poètes pourrait banaliser ses idées.
L’IA sur toutes les lèvres à Davos, comme en atteste la construction d’une base unique de données par Publicis.
Il faut remettre de l’éthique dans l’IA. Nous avons signé un article dans Vert récemment sur son impact. Si l’on se sert de l’IA pour accélérer l’hyperconsommation comme Shein qui pousse ainsi ses recommandations, cela sera nuisible pour la planète et les humains. Mais l’intelligence artificielle peut aussi être mise au service de la lutte contre le dérèglement climatique. D’où la nécessité de se questionner sur son utilisation.
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui a élargi ses attributions à la sécurité nucléaire et la mer.
Ce ministre reste à son poste mais je note qu’il a dégringolé dans l’ordre protocolaire, ce qui signe les priorités d’un gouvernement. Et celui-ci ne semble pas fixer comme priorité les sujets environnementaux. D’autre part, Bruno Le Maire ajoute désormais l’énergie à son ministère de l’Économie. C’est un retour en arrière d’une quinzaine d’années, quand l’énergie était considérée sous son unique prisme financier alors qu’il est essentiel dans les sujets climatiques.