Après avoir étudié une dizaine de séquences liées au conflit entre Israël et le Hamas, le régulateur a adressé une mise en garde à Radio France et ouvert la voie à des sanctions contre CNews.

L'Arcom a adressé une mise en garde à Radio France pour un sketch polémique de Guillaume Meurice sur Benjamin Netanyahu et ouvert la voie à des sanctions contre CNews pour des propos antimusulmans d'Eric Zemmour et Arno Klarsfeld. C'est ce qu'a indiqué le régulateur à l'AFP jeudi 23 novembre.

Ces décisions surviennent après l'étude d'une dizaine de séquences liées au conflit entre Israël et le Hamas, l'Arcom ayant été saisie sur une vingtaine au total. Dans l'échelle disciplinaire de l'instance, la mise en garde occupe le deuxième palier, après la lettre de rappel à la réglementation et avant la mise en demeure et les sanctions.

Celle adressée à Radio France clôt la polémique née fin octobre d'une chronique de l'humoriste Guillaume Meurice, qui a qualifié sur France Inter le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de « sorte de nazi, mais sans prépuce ».

Dans une décision rare pour une séquence humoristique, l'Arcom a estimé que ce sketch avait « porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu'elle se doit d'entretenir avec l'ensemble de ses auditeurs », selon le courrier transmis à la présidente de Radio France, Sibyle Veil, consulté par l'AFP.

« Les risques de répercussions sur la cohésion de notre société ne pouvaient être ignorés, tout particulièrement dans un contexte marqué par la recrudescence des actes à caractère antisémite », a justifié l'autorité, « en réaffirmant l'importance qui s'attache à protéger la liberté d'expression des humoristes ». L'Arcom précise également avoir « pris connaissance de l'avertissement » adressé par Sibyle Veil à Guillaume Meurice.

Retour en direct et en public

L'émission où il intervient, Le grand dimanche soir, sera de retour en direct et en public dimanche 26 novembre, a annoncé France Inter. Le dernier épisode n'a pas été enregistré en public comme à l'accoutumée, en raison de menaces de mort reçues par l'équipe. Et dimanche 19 novembre, l'émission n'a pas été diffusée en raison de problèmes de santé de son animatrice Charline Vanhoenacker.

Par ailleurs, trois séquences diffusées sur CNews, dont deux après le 7 octobre, ont été transmises par l'Arcom à un rapporteur indépendant, étape préalable à de possibles sanctions pour la chaîne d'information du groupe Canal+ (Vivendi).

Dans l'une d'elles, extraite de l'émission le Grand Rendez-vous du 29 octobre, le polémiste Eric Zemmour (Reconquête !) estime l'islam « incompatible » avec la France et la République. Dans une autre, deux jours plus tard, l'avocat Arno Klarsfeld vise une « minorité musulmane qui est agissante » en matière d'antisémitisme et évoque les nombreux musulmans travaillant « sur les chantiers » et ayant « accès à des explosifs ».

Pas d'intervention de l'Arcom pour une séquence sur BFMTV

Dans la troisième, diffusée fin septembre, avant le début de la guerre, le journaliste Geoffroy Lejeune estime que l'antisémitisme est une des « conséquences » de « l'immigration arabo-musulmane, comme une partie du trafic de drogue, comme la surpopulation carcérale, comme l'abaya, comme tout ça ».

Les autres séquences analysées n'ont pas entraîné d'intervention de l'Arcom, notamment celle pour laquelle Caroline Fourest a été accusée de relativiser la mort d'enfants palestiniens sur BFMTV.

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