Après la sortie d’une nouvelle chanson des Beatles début novembre, Warner Music et les ayants droit d’Édith Piaf collaborent sur un biopic utilisant l’IA pour recréer la voix et l’image de la chanteuse décédée.
L’intelligence artificielle est mise à contribution pour un autre monument, après les Beatles : un projet de biopic animé d’Édith Piaf va être développé via cette technologie, ont annoncé le 14 novembre Warner Music et les ayants droit de l’artiste. L’annonce de ce « projet technologique innovant et révolutionnaire, utilisant l’IA afin de recréer sa voix et son image », selon un communiqué, survient alors que 2023 marque les 60 ans de la disparition de l’interprète de « Non, je ne regrette rien ».
Aucune date de sortie n’est encore prévue pour cette œuvre baptisée « Édith ». Le projet est pour l’heure « en phase finale de développement » et s’appuie sur quelques images réalisées à usage interne, a-t-on précisé à l’AFP dans l’entourage de Warner Music France. Ce film de 90 minutes, « qui se déroulera à Paris et à New York entre les années 1920 et 1960 », sera « raconté par la voix de Piaf et dévoilera des aspects de sa vie jusque-là inconnus », précise le communiqué.
Pour « Édith », la technologie de l’IA « formée sur des centaines d’extraits vocaux et d’images, dont certains datent de plus de 80 ans, permettra de faire revivre la voix et l’image distinctes de Piaf pour renforcer l’authenticité et l’impact émotionnel de son histoire », ajoute-t-il. « Cela a été une expérience spéciale et touchante de pouvoir entendre à nouveau la voix d’Édith. La technologie nous a donné l’impression d’être dans la pièce avec elle », déclarent dans le communiqué Catherine Glavas et Christie Laume, ayants droit de la chanteuse célèbre pour « La vie en rose » ou « Mon légionnaire ».
« Nouveau public »
Ce biopic s’annonce comme un nouveau tournant dans l’utilisation de ce procédé. Jusqu’à peu, des amateurs s’en étaient emparé pour sortir, sans les commercialiser, des versions pirates de chansons plus ou moins réussies, sans l’accord des artistes à la voix reproduite. Le timbre de crooner de Frank Sinatra, disparu en 1998, se retrouvait ainsi dans une version du tube « Gangsta’s Paradise » de Coolio et un faux duo Drake-The Weeknd avait fait beaucoup de bruit.
Mais la sortie au début du mois de novembre d’un morceau officiel des Beatles, régénéré par l’IA avec l’accord des ayants droit, a rebattu les cartes. « Now and Then » est né d’une maquette enregistrée à la fin des années 1970 par John Lennon dans son appartement new-yorkais. Après son assassinat en 1980, sa veuve Yoko Ono avait remis en 1994 la bande, voix et piano, aux autres membres du groupe.
L’IA a permis récemment d’isoler la voix de Lennon et de la mixer avec des enregistrements des autres musiciens, y compris George Harrison, enregistré avant sa mort en 2001. La chanson a été achevée et avalisée par les deux membres encore vivants, Paul McCartney, 81 ans, et Ringo Starr, 83 ans. « Édith Piaf est l’une des plus grandes artistes françaises de tous les temps, en étant toujours une source de fierté pour les Français. C’est un exercice d’équilibre très délicat lorsqu’il s’agit de combiner une nouvelle technologie avec des artistes du patrimoine », décrit Alain Veille, président de Warner Music France, dans le communiqué.
Le dirigeant espère « grâce à ce film » toucher un « tout nouveau public et inspirer une nouvelle génération de fans ». La musique d’Édith Piaf est toujours vivante : « Non, je ne regrette rien » et « La vie en rose » cumulent plus de 300 millions d’écoutes à eux deux sur Spotify, plateforme numéro un sur le marché du streaming musical.