Si la radio reste le média le plus suivi le matin, les chaînes télévisées s’invitent aussi au petit-déjeuner des Français, avec TF1 comme nouveau venu dans la course en 2024.
L’avenir appartient à ceux qui… travaillent tôt ? C’est la conviction de TF1 qui, à partir de janvier, avec un Bruce Toussaint fraîchement débauché de BFMTV aux commandes, va lancer une matinale. Ou plutôt la relancer, comme dans les années 1990, où un tel programme avait existé sur la chaîne, alors que la tranche est actuellement occupée par des programmes jeunesse et du téléachat. « Rodolphe Belmer a considéré, l’info étant un pilier de la grille de TF1, qu’il fallait la renforcer », explique Thierry Thuillier, directeur général adjoint à l’information du groupe.
Cette matinale est prévue pour durer trois heures à partir de 6h, 6h30 ou 7h. Elle constituera un « troisième moment fort » d’information, avec les deux JT quotidiens. L’un des enjeux, au-delà de l’installer dans le paysage en créant de nouveaux réflexes chez les téléspectateurs, voire chez les auditeurs de radio, sera de lui trouver un modèle économique. De nombreux moyens sont mis en œuvre pour faire briller la tranche, dont une équipe d’une trentaine de personnes et un nouveau décor. Pour l'heure, les annonceurs ne se bousculent pas sur un rendez-vous qui rassemble seulement 50 000 à 100 000 personnes autour de 8 heures.
« Nous souhaitons une matinale feel good, accueillante, proche des Français, ancrée en région », assure le patron de l’information, qui entend séduire les publics de ses JT et au-delà, et sait que cela ne se fera pas en un jour. « Dans la facture, nous serons plus proches d’une chaîne généraliste comme France 2 », expose-t-il. C’est Télématin, actuelle première matinale sur France 2, que la première chaîne semble avoir en ligne de mire. France Télévisions se flatte d'offrir une émission « résolument dans l'air du temps, proche des préoccupations de ses publics » et qui « traite l'actualité avec sérieux et sans dramatisation ». Cette matinale (6h30-9h30), dont la formule avait été revue fin août 2021, rassemble depuis le début de la saison 740 000 téléspectateurs en moyenne en semaine, soit 27,3 % de part d’audience. Une première place qui ne l’empêche pas de se réinventer, par exemple en se délocalisant pour la première fois, le 15 juin dernier, à Marseille.
Le reste du PAF est aussi dans la bataille, notamment BFMTV dont la matinale est animée par Christophe Delay et Adeline François, avec Apolline de Malherbe à 8h30. Côté chaînes info, elle domine la tranche, avec 391 000 téléspectateurs en moyenne chaque jour, soit 15,4 % de part d’audience. Une tendance stable voire en légère baisse, que la chaîne explique notamment par un certain « besoin de légèreté » du public dans une actualité « anxiogène » - c’est à cela que souhaitent aussi répondre les deux matinales généralistes évoquées. « Depuis trois ans, nous avons fait évoluer le décor de la matinale. Mais la star reste l’information. La matinale, avec 25 reportages, est très dense en info, développe Marc-Olivier Fogiel, son directeur général. En revanche, nous lui avons donné des codes plus ronds avec un décor différent des autres tranches, aussi aéré que possible sur une chaîne info ». Autre évolution : une certain rééquilibrage entre les tranches, même si la matinale, Première édition (6h-8h30), reste essentielle, notamment comme carrefour commercial plébiscité par les annonceurs.